Tous les matins, les trois barzoïs, Ialta, Iély et Guéguel, attendent patiemment devant la porte sur le petit talus du jardin. Elles guettent les moindres mouvements venant de la cuisine. Elles s’assoient sur le talus car de là, elles ont une vue plongeante et peuvent observer mes faits et gestes. Pourtant, tous les matins sont différents et seuls certains matins leurs octroient le délice tant attendu: une carcasse de poulet. Toute une carcasse! C’est un régal. Adieu les croquettes, elles broient à plaisir et s’épient l’une l’autre pour voir si par hasard… des fois… qu’un morceau tomberait ou… que l’une laisserait la sienne sans surveillance. Chacune va dans son coin préféré pour mastiquer les os charnus de ce qui fut un volatile.
La première fois que la petite meute a reçu une carcasse pour le déjeuner, plus d’une demi-heure a été nécessaire pour tout déguster. Maintenant, quelques mois plus tard, une dizaine de minutes à peine pour tout faire disparaître et elles en sont à lécher le sol pour le moindre petit reste ou tout simplement pour l’odeur. Sentir, humer, c’est déjà ou encore se régaler.
Le soir, lorsque les carcasses sont sorties du congélateur, c’est une attente en vue qui se prépare. Les aller et retour en direction de la cuisine se font très nombreuses. Mais, la cuisine est un espace interdit et la barrière blanche est là pour le rappeler. Qu’importe, on se couche devant et on se délecte du fumet subtil seulement discernable pour les museaux avertis des demoiselles. Quoique, quelqu’un d’autre s’accommode aussi fort bien de ces délicats plaisirs odorants : c’est Djiago, le seigneur félin des lieux que je vous présenterai prochainement.