La signification des deux narratrices dans « Enfance »
Éventuellement, la voix que N. S. appelle le double pourrait avoir pour fonction de garantir l’authenticité du récit. D’autre part, il pourrait s’agir de la voix de la mère intériorisée. Dans ce cas, cette voix suivrait l’enfant depuis son enfance. Il s’agirait, de toute façon d’un dialogue intérieur. L’auteur, n’a pas la prétention de reproduire son enfance telle qu’elle a été, mais elle essaie de reproduire ses souvenirs d’une manière authentique. Elle utilise toutes les personnes qui sont dans l’histoire en tant que personnages. A ce niveau, la mère est plus que l’écrivain, elle devient le personnage associé à la défense, à l’interdit.
Voir aussi : L’Amant, Marguerite Duras
Une voix dit : « Je veux écrire » et l’autre dit « Non, c’est interdit ». En ce sens, la voix fonctionne un peu comme un surmoi.
En ajoutant cette méthode méta discursive, N.S. crée une écriture nouvelle qui dépasse les codes de l’autobiographie traditionnelle. Tout en utilisant les codes, elle crée un autre genre d’autobiographie. C’est une problématisation de l’écriture autobiographique et en même temps, une autobiographie basée sur les deux tendances : le besoin d’écrire, et l’impossibilité de l’écrire.
« L ‘Ere du soupçon »
Le terme de « ère » réfère à la période à partir de laquelle l’écrivain commence à se poser des questions différentes sur la validité de la sincérité. Est-il possible d’être vraiment sincère ? La bonne foi et l’honnêteté ne suffisent plus. C’est la période où il ne pense plus que la vérité est un fait acquis, du fait qu’il ne suffit pas de vouloir être sincère, de bonne foi, pour automatiquement être véridique. C’est le problème de la sincérité, de l’authenticité qui est mis en doute. Mais aussi le moment où le lecteur aussi est en droit de se poser ces mêmes questions. C’est le Modernisme qui inaugure cette période.
La place de « l’écriture de soi » dans l’esthétique de Sarraute
Dans les effets de cette perspective, l’écriture de soi pour Sarraute devient une recherche, non plus de la vérité comme l’entendaient encore Rousseau ou Montaigne, mais une recherche sur l’écriture elle-même. Comment écrire sur soi. Et tout, d’abord qui est ce moi sur lequel on veut écrire ? Si pour Rimbaud « je est un autre » on pourrait presque dire que pour Sarraute « je est des autres ». Le moi tout cuit n’existe pas. Un peu à l’instar de Montaigne, il faut le recréer chaque fois, du moins le redécouvrir chaque fois, puisqu’il n’existe pas en tant que tel, en tant qu’entité vivante, mais seulement en tant que possibilité. Ce moi, ce sont tous ces petits grouillements presque inaccessibles dans les limbes de la mémoire, ce que NS appelle « les tropismes » Pour NS l’écriture de soi revient à se pencher sur les tropismes du passé. Très important pour Sarraute est la crise du langage qui est la clé de voûte de son esthétique. Pour Sarraute, un écrivain découvre la réalité, il ne la décrit pas. Pour NS, un écrivain ne doit pas non plus reproduire d’un prédécesseur, il doit innover.
Voir aussi : Nadja de Breton
Il y a aussi une grande différence entre les auteurs qui mettent l ‘accent sur le monologue intérieur, alors que Sarraute met l’accent sur le dialogue intérieur.
L’incident de « L’oncle russe » est tellement important aux yeux de V. Minogue.
D’après Minogue, l’incident de « l’oncle russe » est important parce que les paroles de l’oncle ont cassé l’enchantement des mots. N. S. avait écrit une histoire et l’oncle lui fait brutalement remarquer « avant de se mettre à écrire un roman, il faut apprendre l’orthographe » p. 82. De ce fait, l’enfant sera un long moment sans plus oser écrire. Elle surmontera par la suite ce « traumatisme » puisqu’elle est devenue N.S. Un point très important et à ne pas négliger, c’est que dans l’optique de Sarraute, l’oncle lui a rendu un extrême service puisqu’il l’a délivré de l’écriture conventionnelle dans laquelle elle serait restée à écrire s’il avait continué au lieu d’avoir ce temps de réflexion.
« Enfance » peut être considéré comme I’histoire d’une « enfance malheureuse »
L’enfant se sent attirée par le père et la mère tout à la fois, mais ils sont divorcés. Son père se remarie et l’enfant est assez mal vue pas sa belle-mère qui lui fait remarquer que la maison qu’ils habitent n’est pas sa maison (p. 126). La narratrice essaie de trouver des excuses à Véra (sa belle-mère), mais la compare tout de même à une tigresse p. 145. Malfré tout, elle ne peut la voir comme une personne foncièrement méchante p. 180. Cependant, la lettre à la mère p. 240, peut aussi être considéré comme un argument en faveur de cette assomption.
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