Iély a deux mois de moins que Ialta, mais dès qu’elle est arrivée pour vivre avec nous, elle a tout de suite montré qu’elle serait le chef. Ialta la dominait pourtant physiquement. Cela ne l’a pas empêchée de prendre les rennes des jeux et de s’attaquer avec force, et hargne parfois, à sa grande compagne. Très vite, elle devint « la dominante » ce qui créa aussi quelques situations conflictuelles entre elle et moi.
Iély petite était chapardeuse. Les bananes avaient sa faveur. Elle sautait aussi haut que le réfrigérateur pour s’en saisir et elle se sauvait avec à sa place favorite sur le banc pour les déguster. Aussitôt que je m’approchait pour lui retirer son larcin, Iély grondait et montrait les dents. Si petite qu’elle était, elle n’hésitait pas à me menacer. Il me fallait ruser un peu, l’amadouer et lui parler avec gentillesse et douceur pour lui faire lâcher prise. Ce n’est qu’à l’aide de beaucoup de patience que j’ai réussi à lui faire comprendre qu’il y avait ses affaires et les miennes. Que la nourriture qui lui était destinée, c’était ce que je lui donnais.
A l’heure actuelle, Iély est la plus douce des trois. Elle réclame des caresses en me caressant. Son expression est différente. Iély parle en donnant de la voix et module des phrases entières. Sensitive, elles le sont toutes les trois, mais Iély plus encore. Elle sent les choses avant qu’elles ne soient dites ou faites. Iély, me voit comme sa propriété et elle fait comprendre aux deux autres, Ialta et Guéguel, qu’elle est la seule qui a le droit de me réveiller le matin. Elle seule s’autorise à me mordiller le nez, me lécher les joues et à m’enfoncer son museau dans l’oreille. Si Ialta ou Guéguel montrent quelque tendance à vouloir m’importuner de la sorte, elle les chasse d’un regard.
Iély invente de nouveaux jeux, bien qu’elle ignore totalement quoi faire d’une balle si je la lance, elle vient frapper à la porte si celle-ci est fermée. A peine m’entend-elle arriver qu’elle s’éloigne pour aller se cacher au coin de la maison. Seule sa tête dépasse et elle rit franchement de me voir ouvrir la porte et découvrir qu’il n’y a personne. Ce jeu peut se répéter une bonne dizaine de fois. Surtout le matin. Un nouveau jeu est de rentrer et sortir plusieurs fois de suite. En effet, lorsque les trois rentrent et vont sagement sur leur fauteuil au commando « a ta place », je les gratifie d’une friandise. Iély a très bien compris. Alors, elle sort et rentre à nouveau en montant tout de suite sur un fauteuil avec un regard éloquent vers l’armoire d’où je tire les gâteaux.
En outre, c’est aussi la plus gardienne des trois. Le moindre glissement furtif d’un hérisson ou une autre bête à l’extérieur la nuit lui fait donner l’alarme. Je me dois de lui indiquer avoir reçu son signal et la remercier de sa vigilance. Sinon, elle continue à aboyer et que sa voix est forte.