Lorsque au mois de mai 2002 Pim Fortuyn se fait assassiner dans le Parc des Médias à Hilversum, beaucoup de gens soupiraient : « Pourvu que ce ne soit pas un Marocain qui ait fait le coup. » Quand Théo van Gogh s’est fait brutalement tué le 2 novembre 2004, les gens se sont écrié : « Bien sûr que c’est un Marocain qui a fait le coup ! » Deux ans avaient totalement changé la donne. Que s’était-il passé depuis ? Difficile de savoir. La seule possibilité offerte est la constatation. Le maire ne s’y est pas trompé qui a lancé le soir de l’assassinat de Théo une démonstration de « colère rangée » sur la place du Dam et invité tous les citoyens à y participer. Le but : démontré sa colère en faisant le plus de bruit possible en tapant sur des casseroles, des couvercles ou des tambours. Un vacarme effroyable s’est alors élevé de la place traduisant le ras-le-bol des habitants. « Non à la violence » était le mot d’ordre.
Théo van Gogh avait une idée très précise sur le meurtre de Pym Fortuyn. Selon lui, il s’agissait d’un complot politique. Il avait des preuves. Avant de réaliser Submission, le film qui lui a valu d’être honni par la communauté musulmane, il avait déjà réuni un scénario et des acteurs pour le film qui lui tenait tellement à cœur : 06/05. Un film où il démontre que le meurtre de Pym Fortuyn n’était pas le travail d’un homme isolé mais que Den Haag (La ville où siège le gouvernement) savait que cela serait. Ni Pym Fortuyn qui voulait redonner les Pays-Bas aux Hollandais de souche et limiter l’immigration de tous les pays, ni Théo van Gogh qui traitait les musulmans de « baiseurs de chèvres » (sic) en public dans ses colonnes de la presse et à la télévision ne sont plus. Ce qu’il reste ce sont les problèmes d’une société qui applique le plus souvent la politique de l’autruche. La tolérance a conduit à l’ingérence dans plusieurs domaines. Les réfugiés en font souvent les frais.
Nous venons d’avoir un incendie dans une prison spécialement conçue qui a coûté la vie a 11 d’entre eux. Cependant, le public n’est pas tellement ému, mis à part certains activistes qui reprochent au ministre Rita Verdonk leur mort. Ici et là des banderoles sont accrochées aux fenêtres avec des textes qui ne trompent pas « Rita, alors et maintenant tu n’a toujours pas de sang sur les mains ? » ou « Personne n’est illégal ! » On aurait tiré à balles réelles sur le bureau du ministre. Quelques jours plus tard, la sécurité intérieure déclarait qu’il s’agissait d’une fausse alerte. Personne n’aurait tiré. Toutefois, entre-temps, la police avait eu le temps d’expulser les squatters du bâtiment d’où le tir fantôme serait parti.
Il n’y avait donc eu aucun tir visant le bureau de la ministre. Cependant, l’excuse avait servi et les squatters avaient disparu « aidés » en cela par les forces de l’ordre.