Bien sûr comme tout le monde j’ai été horrifiée de voir cette photo d’un petit enfant noyé échoué seul sur une plage de Turquie, Aylan Kurdi. Mais, j’ai été peut-être encore plus horrifiée de voir toutes ces autres photos ou des centaines, des milliers d’enfants sont tués, morts, assassinés, par les adultes qui bombardent leurs terres. Je comprends aussi qu’il est plus facile de s’identifier avec un seul qui ressemble aux enfants que nous connaissons et qui porte un nom, Aylan Kurdi et qui a la peau claire.
Plusieurs commentaires dans les journaux et sur les réseaux sociaux m’ont anéantie. Pourquoi les gens disent-ils avoir honte? Moi, je n’ai pas honte. Je ne vends pas des armes pour faire la guerre qui fait fuir les gens de leur pays. Je ne réduis pas en cendres les maisons et les immeubles où les enfants devraient grandir avec leurs parents. Toutefois, je suis lucide que le problème des réfugiés ne s’arrêtera que lorsque cesseront les guerres. Cela signifie que les gouvernements devraient sanctionner de peines maximales les trafiquants d’armes qui vendent la mort aux pays en guerre. Mais, comment le pourraient-ils puisque ce sont eux, bien souvent, qui engrangent les profits de la vente d’armes. Alors, pourquoi avoir honte et se soumettre au dictat de la culpabilité que l’on voudrait nous faire endosser?
Par ailleurs, écrire « j’ai honte » sur son mur Facebook ou dans un commentaire du Monde ou d’un autre quotidien n’engage à rien. Sauf, très certainement à se donner bonne conscience.
Essayons tous à notre propre niveau de faire une chose décente dans notre vie, même une seule et nous n’aurons pas vécu pour rien. Cela ne sauvera plus les enfants décédés, mais avec un peu de persévérance cela en sauvera d’autres qui pourront vivre une vie d’enfant.
Croyons en l’effet papillon. Une action positive et décente ici, engendrera un grand bien là-bas.
© photo: NILUFER-DEMIRDHAREUTERS
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