Un récit assurément peu commun et qui a su charmer une grande partie de la gente germanopratine. Et pour cause! Cela faisait longtemps qu’un romancier était sorti de la plèbe pour monter à la lumière des médias. En outre, il mêle dans son écriture les mots les plus orduriers aux vocables les plus purs. Est-ce pour cela de la littérature?
Il va sans dire qu’un certain voyeurisme intellectuel a su profiter de ces scènes où il n’aurait jamais eu accès sans ce livre. Edouard Louis a fait montre de courage, non seulement en les écrivant, mais en osant aussi les commenter dans les médias. C’est au moins une qualité qu’il faut lui reconnaître.
Le lecteur, selon le milieu d’où il vient et celui où il évolue aura tour à tour peut-être le tournis à force de passer d’un registre à l’autre sans s’écarter bien loin du plus familier qui puisse être. Son engouement viendra peut-être aussi de sa délectation à lire ces « splendeurs et misères » d’un enfant du Nord pas tout à fait comme les autres, mais pas tout à fait différent de beaucoup.
L’incipit « De mon enfance je n’ai aucun souvenir heureux » n’est pas sans rappeler « Ma mère ne m’a jamais donné la main » de L’Asphyxie de Violette Leduc où elle relate aussi des souvenirs d’enfance. Un livre paru en 1946 chez Gallimard dans une collection dirigée par Marcel Camus.
Edouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule, Seuil, 2014, sur Amazon