Nous utilisons “extrême contemporain” pour définir la production littéraire des dix à vingt dernières années. Il s’agit donc d’un concept fluide et insaisissable en un certain sens.
Cette appellation serait une invention de Michel Chaillou en 1989. En fait, ce terme est très confortable et recèle la complexité chaotique d’une situation littéraire toujours en mouvement. Cela aussi bien d’un point de vue chronologique, puisque les limites de l’extrême contemporain se déplacent d’année en année. Et du point de vue de l’hétérogénéité car la production littéraire peut difficilement être définie d’une façon claire et précise. Ce terme, de fait comprend à peu près tout ce que l’on désire y mettre. La production littéraire de cette période est caractérisée par un immense corpus dont la recherche de l’identification des tendances est précaire, et inévitablement partiale, aucun d’entre nous n’étant capable d’ingurgiter la production littéraire dans sa complexe complétude. L’extrême contemporain n’est pas un mouvement littéraire, mais un terme facilitant l’expression et la communication entre chercheurs et amoureux du livre, auteurs…
Or, du fait de son intangibilité, sa non délimitation ou plutôt ses frontières amovibles, l’extrême contemporain par son indiscernabilité occasionne de nombreuses failles traitresses à qui s’aventure en ses abondantes possibilités de dénomination. En outre, traitant d’un corpus mouvant puisque en devenir, le chercheur se voit souvent confronté aux démentis de ses allégations même bien fondées. Ce qui est vérifiable pour les trois premiers romans d’un auteur peut s’avérer infirmé par le quatrième, d’où l’immense courage requis pour reconnaître l’inanité à penser détenir la vérité recherchée avec détermination.