Ialta était toujours en train de vouloir jouer avec moi. Il m’était impossible de travailler. Elle venait me tirailler les jambes, me mordiller les pieds, mâchouiller mes vêtements. Je lui avais acheté un parc à bébé où je la mettais à côté de mon bureau avec son oreiller et quelques jouets, mais cela durait environ une heure ou deux au grand maximum si j’avais la chance de la voir s’endormir. De toute évidence, il lui fallait un compagnon de jeu. Alors, ce fut Iély. Bien que de deux mois plus jeune, très rapidement, Iély prit le dessus dans les jeux. Ialta avait beau la mettre à terre, elle se relevait et hargneuse se jetait sur elle. Enfin, cette dernière était bien occupée et ne venait plus me chercher pour jouer. Je pouvais travailler en paix, si ce n’est que je devais les surveiller tout de même de très près, car à deux, elles faisaient deux fois plus de bêtises. Mais, quel plaisir de les voir ensemble. Iély, encore un peu rondouillarde, pataude aussi, mais d’une force incroyable et Ialta qui toute surprise voyait cette camarade lui rendre des points. Iély, est devenue la dominante du trio. Nous avons eu nos conflits et même maintenant, elle essaie toujours et encore de voir si elle ne peut pas m’obliger à accepter sa volonté. Mais, c’est Iély qui vient le matin me lécher pour me signifier que c’est l’heure du lever. C’est Iély qui veut grimper sur mes genoux lorsque je lis. Inutile de dire que nous avons développé une relation très forte fondée sur un respect mutuel. Si je dois encore parfois me fâcher un peu, cela arrive de moins en moins souvent, sauf lorsque la force du jeu l’entraine et qu’elle saute d’un fauteuil à l’autre à une vitesse incroyable et d’un bond, oubliant ses bonnes manières, se retrouve sur la table ou le piano. La gronder est difficile, car elle me fait tellement rire aussi. C’est un tel bonheur de les voir heureuses et rire. Iély, je l’appelle La Stupenda, ou Ma Stupenda. Elle est devenue si câline et toujours alerte. C’est vraiment la chef, celle qui a toujours tout à l’œil, nous dirige et nous garde.
Ialta, la première arrivée
Lorsque je travaillais en Russie, à Moscou pour être exacte, je logeais chez des gens qui possédaient un barzoï et qui m’avait adoptée. Ce chien superbe et élégant, m’attendait à la porte quand je rentrais et venais me tenir compagnie dans ma chambre, que je sois à mon bureau ou dans mon lit. J’étais très impressionnée. Il pouvait poser sa tête à côté de la mienne sur l’oreiller, tout en restant par terre. Il était très grand. Je le caressais sans me pencher, sa tête m’arrivant plus haut que la taille. Je m’étais toujours promis que si un jour j’avais la chance d’avoir un jardin, je ferais en sorte d’avoir un tel chien. D’un appartement au troisième étage dans une rue d’Amsterdam, j’ai eu la chance d’emménager dans une agréable maison avec presque un hectare de terrain. Alors, je pouvais prendre un chien. Ce devint un barzoï, blanc comme celui qui m’avait procurer tant de tendresse à Moscou. Ialta, est une tendre. Elle adore les gens et les câlins. Très, joueuse, elle sait communiquer de façon expressive avec les humains. Toutefois, bien que la première arrivée dans la maison, ce n’est pas la chienne alpha que je vous ferais connaître la prochaine fois.
Djiago
Voici Djiago, l’homme de la maison. Là, il dort dans une de ses poses favorites, mais Djiago est un très bon chasseur et il garde les abords de la maison libres de mulots, souris et autres rongeurs. Hier, je l’ai vu qui s’occupait d’un gros lézard vert. A première vue j’avais un peu de mal à comprendre de quoi il s’agissait car cela ressemblait à un morceau de corde. C’est alors que j’ai compris qu’il ne restait plus que la queue du malheureux et la couleur m’a indiqué que c’était les restes d’un lézard vert. Il y en a beaucoup ici autour de la maison. Cela provient du sol caillouteux et des pierres dans lesquels ils peuvent aisément se blottir. Ils sont tellement rapides que parfois je m’interroge sur la rapidité de Djiago. Il doit bien les surpasser en vélocité pour être capable de les attraper. Pour les mulots et les souris, je comprends car ceux-là sont loin d’être comme l’éclair. Moi-même, j’arrive à m’en saisir si je me concentre. Quoique pour ceux qui courent dans l’heure ce soit plus difficile.
Ce qui me surprend aussi, c’est de voir comment Djiago sait où se trouve l’animal. Pour moi, c’est le silence total, mais même le son le plus furtif, lui le saisit et agit en conséquence. S’il aime tant chasser les rongeurs c’est parce qu’il s’en délecte. Je trouve cela presque horrible à voir. Mais, je voulais m’assurer que tel était bien le cas. Dans un sens cela se défend. S’il ne mangeait que les croquettes que je lui sers, cela reviendrait pour lui à ne se nourrir que de conserves. De cette façon, il s’approvisionne en mets frais et appropriés à sa constitution.
Enfin des carcasses !
Tous les matins, les trois barzoïs, Ialta, Iély et Guéguel, attendent patiemment devant la porte sur le petit talus du jardin. Elles guettent les moindres mouvements venant de la cuisine. Elles s’assoient sur le talus car de là, elles ont une vue plongeante et peuvent observer mes faits et gestes. Pourtant, tous les matins sont différents et seuls certains matins leurs octroient le délice tant attendu: une carcasse de poulet. Toute une carcasse! C’est un régal. Adieu les croquettes, elles broient à plaisir et s’épient l’une l’autre pour voir si par hasard… des fois… qu’un morceau tomberait ou… que l’une laisserait la sienne sans surveillance. Chacune va dans son coin préféré pour mastiquer les os charnus de ce qui fut un volatile.
La première fois que la petite meute a reçu une carcasse pour le déjeuner, plus d’une demi-heure a été nécessaire pour tout déguster. Maintenant, quelques mois plus tard, une dizaine de minutes à peine pour tout faire disparaître et elles en sont à lécher le sol pour le moindre petit reste ou tout simplement pour l’odeur. Sentir, humer, c’est déjà ou encore se régaler.
Le soir, lorsque les carcasses sont sorties du congélateur, c’est une attente en vue qui se prépare. Les aller et retour en direction de la cuisine se font très nombreuses. Mais, la cuisine est un espace interdit et la barrière blanche est là pour le rappeler. Qu’importe, on se couche devant et on se délecte du fumet subtil seulement discernable pour les museaux avertis des demoiselles. Quoique, quelqu’un d’autre s’accommode aussi fort bien de ces délicats plaisirs odorants : c’est Djiago, le seigneur félin des lieux que je vous présenterai prochainement.
Au salon du livre
Presque toutes les villes et tous les villages ont maintenant un Salon du livre. Alors, ici nous allons aussi en avoir un. Au mois de septembre, le samedi 26, tous les auteurs et les éditeurs du Centre sont invités à venir participer au Salon du livre de
Cluis. Les modalités sont très simples. Il suffit de s’inscrire au Syndicat d’initiative de Cluis par le formulaire de contact ou en téléphonant (0254 31 22 13) pour réserver un emplacement. Une fois sur place, le jour même, la modique somme de 5 € sera facturée, ce qui permettra de s’acquitter de la redevance.
Le Salon est en premier lieu pour les auteurs et les éditeurs du Centre, mais bien entendu, tous les éditeurs et auteurs sont les bienvenus et nous leur souhaitons déjà de pouvoir rencontrer le plus possible de lecteurs.
La manifestation est organisée par l’Association Littérature et Musique, qui a également organisé en 2013 le colloque « Andreï Makine versus Gabriel Osmonde » et la « Semaine franco-russe » à Cluis au mois de septembre.