mars 30, 2016 By mlc

Elen Brig Koridwen, Zone franche

zone-francheIl y a des romans qui sont absolument inclassables. Zone franche d’Elen Brig Koridwen en est un. Inclassable, il rassemble plusieurs genres littéraires à un niveau d’excellence rarement égalé parmi les ouvrages des auteurs Indés.

La description laisse espérer un roman plus ou moins à l’eau de rose. Pas qu’il faille décrier ce genre, non. Il peut en satisfaire plus d’un ou d’une en quête d’amour par personnes interposées. De ce genre, Zone franche a pris l’héroïne qui veut un homme et est prête à tout pour l’avoir. Totalement antiféministe ! Plutôt comme l’héroïne d’Ernaux dans Passion simple, où la femme est entièrement soumise à ses espérances, ses moments d’attente de l’Homme.

L’homme aussi pourrait faire partie de l’univers un peu sucré des harlequinades. L’homme fort, mystérieux, riche dont on ne sait pas d’où il tire ses revenus qui semblent sans fin. Cet homme-là, bien qu’il n’en soit jamais question, est l’aîné de l’héroïne. Il apparaît dans sa vie alors qu’elle n’est qu’une enfant.

L’homme inaccessible, blessé par des amours précédentes, effrayé de se lier et elle, la femme qui ne veut que son bonheur à lui, l’enchainer si possible dans les soins qu’elle aimerait lui prodiguer. Lui se moque gentiment.

Ces deux êtres dissemblables sont liés par une passion charnelle irrésistible que l’auteur nous décrit tout en finesses et subtilités, nous la fait ressentir jusqu’au plus profond de notre être.

Une passion assouvie, mais qui laisse toujours et encore sur la faim. Les amants se jettent dans les bras l’un de l’autre à toutes les occasions possibles. Voilà pour le sexe.

Du roman d’espionnage, l’auteur a tiré l’atmosphère, l’ambiance, le monde décalé que chacun de nous aime à imaginer. On frôle le danger, mais on n’y succombe pas.

En revanche, ce à quoi on succombe, c’est au style délicat, lettré sans cuistrerie, qui conduit une intrigue à épisodes tous plus inattendus les uns que les autres.

Oui, il y a des livres inclassables. Zone franche toutefois est à classer parmi les plus grands, ceux qu’il faut avoir lus, ceux qui laissent un souvenir doux et reconnaissant, de ceux dont les personnages nous deviennent des amis, des membres de famille que l’on quitte à regret.

Elen Brig Koridwen, Zone franche, sur Amazon Kindle:   amzn.to/1UBSnhN

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mars 11, 2016 By mlc

Tirage au sort: « Crime à Amsterdam »: Règlement

Crime à AmsterdamArticle 1 – Société organisatrice du tirage au sort
Les Editions MLC, auto entrepreneur, éditeur du roman « Crime à Amsterdam » ayant pour siège social Le Montet, 36340 Cluis, organisent du 21 au 29 mars 2016 un tirage au sort entièrement gratuit et sans obligation d’achat intitulé : « Tirage au sort Crime à Amsterdam », (ci-après le « Tirage au sort »).

Accessible selon les modalités du présent règlement.

Article 2 – Acceptation du règlement
La participation au tirage au sort implique l’acceptation sans aucune réserve du présent règlement, de ses modalités de déroulement et de ses résultats par les participants.

Tout contrevenant à l’un ou plusieurs des articles du présent règlement sera privé de la possibilité de participer au présent tirage au sort ainsi que de la dotation qu’il aura éventuellement pu gagner, ou sera disqualifié.

Article 3 – Conditions de participation
La participation au tirage au sort est ouverte à toute personne physique majeure résidant dans tous les pays et disposant d’un accès à la boutique Amazon.fr et ayant la possibilité de télécharger un livre édité sur Kindle et de poster des commentaires sur Amazon.

Les candidatures multiples sont autorisées à condition que le présent règlement concernant la participation soit respectée. Les candidats ne respectant pas l’une ou l’autre des conditions de participation édictées au présent règlement seront automatiquement disqualifiés.

Pour participer, une personne devra télécharger un exemplaire du roman « Crime à Amsterdam » les 23 (vingt-trois), 24 (vingt-quatre) ou 25 (vingt-cinq) mars 2016, dates à laquelle le roman sera offert gratuitement sur Amazon en version numérique.

Il n’est nullement interdit à toute personne de télécharger le roman entre le 26 et le 29 mars et de mettre un commentaire pour participer au tirage au sort, mais dans ce cas, elle ne pourra bénéficier de l’offre de gratuité du roman et devra s’acquitter du coût selon les modalités de l’offre. Cela est également valable pour les personnes achetant le livre en version papier : leur commentaire éventuel pourra participer au tirage au sort.

La personne ayant téléchargé le roman aura jusqu’au 28 (vingt-huit) mars inclus la possibilité de déposer un commentaire honnête sur le roman, après lecture, dans l’espace prévu à cet effet sur Amazon.fr.

Le tirage au sort s’effectuera parmi tous les commentaires déposés sur le site d’Amazon jusqu’au 28 (vingt-huit) mars 2016.

La qualité des commentaires n’influencera pas sur la participation au tirage au sort. Toutefois, la société organisatrice se réserve le droit d’éliminer du tirage au sort tout commentaire dont le caractère serait offensant et/ou insultant selon la loi française.

Article 4 – Désignation des gagnants
Le 29 (vingt-neuf) mars 2016 un tirage au sort parmi tous les commentaires désignera 3 (trois) gagnants.

En cas d’empêchement de force majeure, la société organisatrice se réserve le droit de repousser la date du tirage au sort.

Article 5 – Dotations
La société organisatrice décide de mettre en jeu :

  • Lot n° 1 – 1 gagnant : une liseuse Kindle
  • Lot n° 2 – 2 gagnants : un exemplaire en version papier du roman « Crime à Amsterdam » signé par l’auteur.

Les lots ne sont ni échangeables, ni remboursables, ni négociables, ni transformables en espèces.

Article 6 : Remise des dotations
Les 3 gagnants seront informés par message sous leur commentaire et sur le site www.aventurelitteraire.com et sur le site des éditions MLC www.emelci.com. Il sera impossible de communiquer que ce soit par voie postale, électronique ou autre, sur le tirage au sort.

Les gagnants autorisent toute vérification concernant leur identité et leur domicile (adresse postale). Toute information d’identité ou d’adresse fausse entrainera la nullité du gagnant et de l’ensemble de sa participation.

Article 7 – Limitation des responsabilités
Si, pour des raisons indépendantes de la volonté de la société organisatrice, la composition des lots devait être modifiée partiellement ou totalement, il sera attribué aux gagnants un lot de même nature et d’une valeur équivalente. La société organisatrice se réserve la possibilité d’écourter, de proroger, de modifier ou d’annuler tout ou partie des opérations du tirage au sort si des circonstances indépendantes de sa volonté l’y contraignait et/ou pour assurer la sécurité, l’équité, l’intégrité ou le bon déroulement du tirage au sort. Dans ces différents cas, sa responsabilité ne saurait être engagée et aucune indemnité ne pourra être réclamée.

Article 8 – Dépôt du règlement
Le présent règlement est conformément à la loi consultable sur le site des Editions MLC (www.emelci.com). Par ailleurs, il est aussi consultable sur le site Aventure littéraire (www.aventurelitteraire.com)

Article 9 – Mise à disposition du règlement
Le règlement du tirage au sort « Crime à Amsterdam » est adressé à titre gratuit, à toute personne qui en fait la demande avant le 21 mars 2016. La demande faite par voie postale uniquement, mentionnant les noms, prénom et adresse du demandeur, devra parvenir à l’adresse suivante :

Editions MLC
Le Montet
36340 Cluis
France

Article 10 – Loi « Informatique et liberté »
Conformément à la loi du 6 janvier 1978 dite « Informatique et Liberté », les candidats disposent d’un droit à l’information, d’un droit d’accès, d’un droit à l’opposition et d’un droit de rectification sur les informations nominatives recueillies dans le cadre du présent tirage au sort en s’adressant à la société organisatrice à l’adresse suivante : Editions MLC – Le Montet – 36340 Cluis – France.

Article 11 – Adhésion – Différend
La participation au tirage au sort entraîne l’adhésion pleine et entière des participants aux dispositions du présent règlement en toutes ses stipulations, des décisions de la société organisatrice ainsi que des lois et règlements applicables en France.  Tout différend qui pourrait surgir de l’application du présent règlement ou de son interprétation sera tranché souverainement par la société organisatrice. Aucune réclamation ne sera plus acceptée au-delà de 8 jours à compter de la réception de la lettre recommandée pour les gagnants. Pour les autres parties, aucune réclamation ne sera plus acceptée au-delà de 1 mois à compter de la date de fin du tirage au sort telle qu’indiquée à l’article 1 du présent règlement. La loi qui s’applique est la loi française. Les Participants sont donc soumis à la réglementation française applicable aux jeux.

Article 12 – Respect des règles
Participer au tirage au sort gratuit « Crime à Amsterdam » implique une attitude loyale, signifiant le respect absolu des règles et des droits des autres participants. Les participants s’interdisent de mettre en œuvre ou de chercher à mettre en œuvre tout procédé de participation qui ne serait pas strictement conforme au respect des principes du tirage au sort et de ce présent règlement. La Société organisatrice se réserve le droit d’écarter toute personne ne respectant pas totalement le présent règlement. La Société organisatrice se réserve également le droit de poursuivre quiconque tenterait de frauder ou de nuire au bon déroulement du tirage au sort. La Société organisatrice pourra décider d’annuler le tirage au sort s’il apparaît que des fraudes manifestes sont intervenues sous quelque forme que ce soit dans le cadre de la participation au tirage au sort ou de la détermination des gagnants. La société organisatrice se réserve le droit, pour quelque raison que ce soit, de modifier, de prolonger ou d’annuler le présent triage au sort.

Article 13 – Diffusion des noms et communes des participants
La société organisatrice pourra éventuellement diffuser le nom, la commune de résidence et la photographie du gagnant à des fins publicitaires, promotionnelles ou purement informatives, sans aucune contrepartie financière.

Article 14 – Responsabilités
La société organisatrice ne pourra être tenue pour responsable si, pour des raisons indépendantes de sa volonté, le tirage au sort devait être en totalité ou partiellement reporté, modifié ou annulé.

Article 15 – Acceptation du règlement
Comme stipulé à l’article 11, la participation au tirage au sort implique l’acceptation entière et sans réserve du présent règlement, de ses modalités de déroulement et de ses résultats.

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mars 3, 2016 By mlc

Cédric Charles ANTOINE, Le Messager du parc

MessagerLa morale de ce roman, orchestré de façon magistrale, pourrait être : « C’est une fois perdu que l’on reconnait son bonheur ». C’est aussi un peu ce que vit Chris le héros de cette aventure hors du commun. Il a tout pour être heureux: une femme charmante, des filles ravissantes, des parents qui l’adorent, une entreprise florissante et pourtant, il est malheureux comme les pierres car il se sent tiraillé entre son Jura natal et la capitale parisienne où il vit.

A la suite d’une nuit de biture, affalé dans un parc, il rencontre un vieillard à qui il se confie. Ce dernier lui suggère une solution radicale: partir à l’aventure et tout laisser derrière lui pour enfin se retrouver. Chris, tenté par l’appel de l’inattendu, part et abandonne femme, enfants, famille, entreprise.

Des péripéties homériques l’attendent sur un périple qui le conduit au hasard de Londres en Ecosse. Le retournement de la fin est irrésistible dans son incongruité: Agatha Christie mitigé de Sherlock Holmes avec une légère touche de Stephen King !

Cédric Charles Antoine possède l’art de surprendre les plus chevronnés des lecteurs. Comment imaginé une pareille intrigue! On débute dans un asile, pour se retrouver à l’hôpital et en maison de convalescence après un séjour prolongé et involontaire sur une île écossaise. S’enchevêtrent ainsi les destinées de plusieurs couples qui exécutent une ronde infernale dont celle de Chris n’est pas la moindre.

Une écriture soignée, travaillée dans les plus infimes détails, assure une plongée dans l’univers si proche et si lointain de l’âme humaine tourmentée.

Cédric Charles ANTOINE, Le Messager du parc sur Amazon : amzn.to/1WX710e

Classé sous :Salon littéraire Balisé avec :Cédric Charles Antoine, fb, Messager du parc, thriller

février 18, 2016 By mlc

Murielle Lucie Clément, Crime à Amsterdam – Sortie le 21 mars ! !

Crime à Amsterdam« Au moment où nous passons, enfin la société en général, le plus clair du temps à communiquer sans nous voir, courriel, Facebook, enfin l’Internet, on vient nous seriner que le visage est primordial dans la conversation et le contact comme si les rues étaient remplies de gens souriants et conversant à tour de bras ! Non, mais regardez autour de vous ! C’est paradoxal, cette histoire. Les gens évitent même de croiser leur regard… alors… pour ce qui est de se parler ! C’est cela l’espace urbain !»

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février 15, 2016 By mlc

Murielle Lucie Clément: Entretien avec Maximilien Friche de MN

Clarté« Avec La Clarté des ténèbres, nous plongeons dans le songe à la suite de Murielle Lucie clément, incapable d’opposer la moindre résistance. Dans ce recueil de nouvelles et de pensées, des visions de l’enfer côtoient la banalité des incivilités du quotidien dans de courts récits qui sont toujours révélations. »

MN a rencontré Murielle Lucie Clément à la suite de la lecture d’un recueil de nouvelles et de pensées intitulé « La Clarté des ténèbres ».

MN : Tout d’abord, je souhaiterais vous questionner sur la forme. Vous êtes romancière et essayiste, et vous avez opté pour une forme concise pour vous exprimer ici : la nouvelle. Une bonne part de ce livre est composée de nouvelles et la dernière partie est consacrée à l’expression de pensées, là aussi sous la forme courte. A votre avis, qu’est ce qui donne sa force à la nouvelle ? Comment parvient-on à créer un monde avec si peu ? De même vos réflexions finales semblent se passer de préliminaires, de discours de la méthode et d’outils de démonstrations, pour simplement dire ce qui est. N’est ce pas aussi simple que cela dans votre recueil : dire ce qui est, dire ce que l’on voit et ne pas attendre de réponses… Il semble d’ailleurs que la nouvelle soit toujours plus achevée qu’un roman, elle ne semble jamais attendre de suite… Qu’en pensez-vous ?

Murielle Lucie Clément : Vous me considérez comme « romancière et essayiste », cela résonne de façon particulièrement intéressante en moi. La date de parution de mes ouvrages ne correspond pas toujours avec leur date de création. J’ai écrit ces petits récits, j’hésite à les appeler nouvelles. Grande admiratrice de Prosper Mérimée, cela me gêne un peu de le faire. Ces récits donc ont été écrits avant les essais et les romans ! Pour être franche, je m’essaie à plusieurs genres : poésie, avec les styles différents (alexandrins, vers libres, sonnets, poèmes en prose etc.), récits, essais, romans etc. Après une formation de cantatrice où on apprend les styles différents si ce n’est à les exécuter du moins à les reconnaître : opéras, lieders, blues, country…, j’estime qu’il doit en être de même pour l’écriture. L’ébahissement me submerge en voyant tous ces gens s’auto nommer écrivains après avoir écrit un livre, en règle générale, un polar (un mot déjà tellement trivial en soi) sans avoir aucune idée de la littérature. Je m’interroge comment font-ils ? Alors oui, pour moi, il est indispensable d’être capable d’écrire des récits concis, des nouvelles si vous y tenez, tout autant qu’un roman ou un essai ou des poèmes, pour qu’ensuite cette faculté, peut-être non pas de choisir, mais de suivre, s’ouvre à nous. Cela est aussi nécessaire en lecture, je pense. J’entendais l’autre jour cette jeune lectrice demander, après son achat des Misérables, si le style soutenu de Victor Hugo n’était pas trop difficile à lire. Amusant, non ?

Maintenant, si on parle de la force de la nouvelle… il y en a des faibles, des insipides, des fastidieuses, des monotones, bref ce sont les exécrables nouvelles (je ne voulais pas employer l’épithète « mauvaises » dans notre entretien en cohabitation avec ce substantif). La concision peut apporter la force comme la faiblesse. Pour parler de ces nouvelles précises contenues dans « La Clarté des ténèbres », elles sont venues telles quelles. Presque impossible de parler de choix, ce sont plutôt des graines venues avec les tempêtes, d’où il sortira peut-être un jour un roman si elles lèvent, si je les arrose et les porte à la lumière dans un bon terreau et que les vents soient favorables. Mais, pour l’instant, elles me paraissaient en leur forme actuelle pouvoir porter cette ombre et cette lumière, équilibre de nos destinées qui, vous avez raison, nous dépassent assurément, mais qui nous survivront, nos destinées continuant leur chemin longtemps après l’arrêt du nôtre. C’est peut-être cela la force des récits courts et des nouvelles. En eux cohabitent tous les aspects de l’univers. Ce sont des gemmes, des pépites à recueillir dans le sable de la route. De légers scintillements. Il suffit de les dire après les avoir vus. Ni question ni réponse ne saurait les ternir et nul n’est besoin ni de l’un ni de l’autre.

Savoir si la nouvelle est toujours plus achevée qu’un roman… certaines le sont incontestablement. Tout dépend vraisemblablement de l’un et de l’autre !

MN : « Cela fait maintenant trente-neuf ans que j’écris mes rêves. » La place du rêve est très importante dans votre ouvrage. De même, que nous ne résistons pas à la lecture de vos nouvelles en plongeant dans l’irrationnel à votre suite, vous semblez ne pas opposer de résistance au rêve, aucune résistance à l’imaginaire qui se démultiplie au fil des pages. On peut ainsi lire que la narratrice est « portée par l’inévitable » ; ailleurs elle dit : « je décide de ne me retrancher dans aucune de mes résistances habituelles »… Et le lecteur accepte de marcher à la suite de la narratrice qui écrit à la suite de ses songes. Entrer en écriture et entrer en lecture procèdent-ils selon vous de cette nécessité de ne pas résister à une force qui nous dépasse ?

MLC : La place du rêve domine une grande partie de ma vie, c’est indubitable. Énormément de rêves visitent mon sommeil et je me souviens d’eux. Grâce à un entrainement quotidien, ils me reviennent au matin. Des centaines de cahiers emplis de mes rêves ! A un moment donné, toute la matinée m’était nécessaire pour les coucher sur papier tant ils étaient nombreux et complexes. Le développement de ma faculté à rêver allait de paire avec mon développement personnel et l’évolution de mon écriture. On néglige trop ses rêves, au propre comme au figuré. Ils nous révèlent tellement si on prend la peine de les lire. Et pourquoi résister ? Il y a cette force immense, cette intelligence en nous qui nous dépasse et nous devons nous laisser emporter pour la surpasser et atteindre le dépassement de soi, le salut. Les rêves apprivoisés représentent une forme de sotériologie. Entrer en écriture ou entrer en lecture procède de ce même processus de se couler en cette force, cette énergie, cet amour inconditionnel que nous portons tous en notre moi et auquel nous tentons trop souvent de résister. Son seul but consiste à nous emmener là où nous désirons aller, ordinairement sans le savoir.

MN : Dans votre façon de décrire à mesure que vous avancez, on a parfois l’impression de découvrir une prophétie. Il y a de l’Apocalypse de Saint Jean dans cette façon de décrire ce que l’on a vu en songe, sans le transformer par une narration plus rationnelle, pour ne rien déformer de ce qui a été reçu. Et vous nous offrez tantôt une vision de l’enfer (C’était en l’an 2000, Les mangeurs de fœtus), tantôt une vision d’un quotidien anodin où la courtoisie est mise à mal (Le déjeuner, Le libraire). Ces visions s’alternent. Un point commun surgit-il néanmoins entre vie ordinaire et vision de l’enfer, et ce point commun n’est-il pas un sentiment de viol ?

MLC : De l’Apocalypse uniquement dans son sens premier de dévoilement, révélation et non dans le sens trahi de catastrophe qu’on lui donne trop souvent de nos jours. Pourquoi tout vouloir toujours transformer ? Ce que nous recevons est si pur même recouvert des scories les plus immondes. « C’était en l’an 2000 » est un songe révélateur transposé au matin à la force de ma plume pour échapper à cette oppression d’impuissance étouffante qui m’enserrait. En revanche, un sentiment d’épouvante m’a submergée avec « Les mangeurs de fœtus ». L’encre coulait de mon cœur, j’avais la poitrine écartelée, en sang ; l’hémoglobine maculait mes draps, je baignais dans un bouillonnement de souillure pure de vie et de mort imperturbables. J’aurais tenté en vain d’en arrêter la rédaction ; il me fallait la subir. Pendant plusieurs mois, il m’a été impossible de relire ce texte, il m’était douloureusement étranger. Puis, je tombais sur Perec « W ou souvenir d’enfance ». Je compris alors la place des Mangeurs de fœtus ; il faisait partie d’autres textes lourds à porter, sans plus. « La Rencontre » fut aussi un rêve difficile à assumer, mais cette fois à cause de son merveilleux, de cette féérie qui me transportait. Elle a duré deux nuits d’affilée. Un pur bonheur. Les écrire, ces rêves, c’est pouvoir les revivre à chaque lecture en dépit de leur évanescence. J’aime mes rêves.

Oui, le quotidien met à mal la courtoisie. Nous en avons tous les jours la preuve. La vision de l’enfer et le manque de courtoisie du quotidien s’enchevêtrent dans une brutalité inouïe. Oui, nous vivons journellement ces agressions les plus pénibles qui parfois culminent en un sentiment de viol le plus élémentaire, le viol de notre être intime, qui s’il n’est pas physique, n’en est pas moins réel. Cela transparaît dans « La Clarté des ténèbres », la narratrice devient incapable de se défendre elle-même dans « Le Libraire ». Les agents de police viennent à la rescousse pour dissiper un malentendu, un reflet de notre société. Notre monde dérive de plus en plus loin du ‘Tirez les premiers, Messieurs les Anglais’, un des sommets légendaires d’affabilité.

Pour plus d’informations sur Murielle Lucie Clément : http://www.muriellelucieclement.com/

Classé sous :Salon littéraire Balisé avec :fb, La Clarté des ténèbres, Mauvaise Nouvelle, Maximilien Friche, Messieurs les Anglais, nouvelle, Prosper Mérimée, Tirez les premiers

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