mars 17, 2022 By MLC

L’Amant, Marguerite Duras

Amant Marguerite Duras

Fonctionnement de la mémoire dans ce roman de Duras. 

Comme le dit Michael Scheningham, la mémoire dans L’Amant est principalement liée au désir d’une manière inextricable. D’autre part, on peut voir dans ce livre que pour Duras la mémoire photographique fait partie de la mémoire autobiographique. Elle va jusqu’à penser, inventer pourrait-on presque dire, une photographie qui aurait pu exister et qu’elle prend au début du récit pour souligner l’importance de la traversée sur le bac. La mémoire est autoréférentielle et surtout liée à l’écriture car Duras se rappelle les souvenirs qu’elle a couchés sur le papier ce qui leur confère l’authenticité. Le fait qu’ils soient écrits est plus important que de savoir s’ils ont véritablement eu lieu. Ils sont écrits et cela leur donne une existence réelle. Pour Duras, la mémoire passe par l’écriture.

Duras fait un usage assez particulier de la focalisation dans ce livre.  

Duras change plusieurs fois de perspective au cours de son livre et très souvent à un moment où le lecteur s’y attend le moins. Par exemple, dans la première scène d’amour avec l’amant, elle passe du pronom personnel de la première personne au substantif (l’enfant) ce qui produit une distanciation. Le « je » est la proximité et le substantif la distance. Sans cesse un changement de focalisation a lieu quelquefois donc, dans les moments les plus intimes, comme si la narratrice n’était pas impliquée. En fait, c’est un style qui cherche à cerner le point crucial (jouissance, désir, mort) qui sont des thèmes Durassiens. 

La mendiante, Hélène Lagonelle, le jeune suicidé à la fin du livre. 

La mendiante se retrouve dans plusieurs livres de Duras : Un barrage contre le Pacifique et dans Le Vice-Consul.  Une particularité de la mendiante est sa folie. Elle a un comportement déviant qui suscite une certaine angoisse. La mendiante est, en quelque sorte, un alter ego de la mère en cela que cette dernière est également folle et inspire à l’enfant de la peur. Bien que la situation de la mendiante diffère de celle de la mère, elles vivent toutes les deux en marge de la société coloniale.  La mère et la mendiante sont toutes deux incapables de s’occuper de leurs enfants d’une manière adéquate.

Hélène Lagonnelle est le seul lien de la jeune fille avec la société blanche des tropiques, elle est la seule qui lui parle, car on tient la jeune fille à l’écart. Les « demoiselles de bonne famille » ne doivent avoir aucun contact avec la « petite prostituée blanche du poste de Sadec » qu’elle est devenue. Cependant, en Hélène Lagonelle, elle a une amie qu’elle aimerait faire profiter de son expérience en voulant lui céder l’amant chinois. Elle voudrait qu’Hélène puisse faire l’amour avec le Chinois et connaître comme elle le désir. Le fait qu’elle aimerait alors regarder est moins un acte de perversité que d’amitié.

Dans L’Amant apparaissent un certain nombre de mythes anciens (en particulier tirés de la Bible). 

Si on pense à un mythe de la Bible, c’est bien sûr à Eve et Adam et le fruit défendu. La transgression de l’interdit qui est très fort dans L’Amant : l’interdit pour une jeune fille de faire l’amour avant d’être mariée, l’interdit racial, il s’agit d’une jeune fille blanche ayant des rapports sexuels avec un Chinois et aussi le fait qu’elle accepte de l’argent de cet homme ce qui donne une forte connotation de prostitution à leurs relations. On peut aussi voir le mythe d’Orphée si on garde la traversée du Mékong comme un passage initiatique, auquel cas la jeune fille est Orphée. Elle regarde de trop près le désir en la personne du Chinois, une métaphore d’Eurydice, et finalement elle doit partir seule et laisser le Chinois derrière elle, prisonnier de la ségrégation raciale ou l’enfer. Caïn et Abel pourraient représenter les deux frères. On peut aussi voir le mythe de Médéa en la mère, qui sacrifie ses enfants à son opiniâtreté. Ulysse aussi qui fait un grand voyage d’initiation, Iphigénie et Oreste. Des bribes de mythes surgissent à beaucoup d’endroits. Comme tous les mythes on ne sait où ils commencent vraiment, d’où ils proviennent ! En utilisant des substantifs, la mère, la jeune fille, l’enfant, le petit frère et d’autres, Margueritte Duras crée une structure mythique et, qui plus est, c’est elle qui a créé le mythe de Lolita, la séductrice que Nabokov reprendra plus tard, le transformant à son tour. Quoi qu’il en soit, Margueritte Duras écrit une histoire universelle, transcendant la réalité banale d’une situation quotidienne.  C’est une sorte de circuit que l’on retrouve dans son œuvre, un circuit qui prime sur la réalité extérieure à l’écriture.

Le thème de l’eau.

L’eau joue un très grand rôle dans cette structure mythique. Tout d’abord, la traversée du Mékong et ensuite le paquebot qui l’emmènera en France qui vogue sur l’eau et la mousson qui éclate. A chaque passage important, le rite de passage, on retrouve l’eau. Les amants se douchent longuement comme pour se purifier du monde extérieur et se retrouver dans la pureté de l’innocence de l’amour qui les unis, même si la jeune fille n’est pas vraiment certaine de ses sentiments, ceux du Chinois sont clairs. La maison aussi qui est lavée à grande eau chaque fois que le grand frère est absent, comme pour la purifiée de sa présence par trop démoniaque. 

L’attitude de la protagoniste/narratrice par rapport à la mère est assez ambivalente. 

L’attitude de la narratrice envers la mère oscille entre l’amour et la haine, amour et dégoût. On retrouve dans cette relation tous les éléments d’une symbiose où l’enfant, bien qu’il y aspire, ne peut encore se détacher complètement de la figure maternelle. Un problème de communication qui se traduit par une crise du langage. Les personnages, non seulement la mère et l’enfant, mais aussi les frères se ressemblent. Cependant, la mère n’a jamais connu la jouissance, elle en est malgré tout curieuse ce qui explique aussi en partie la tension et l’ambivalence de la relation entre l’enfant et la mère.

Les signes du pacte autobiographique. 

A sa parution, L’Amant a été tout de suite relié à la vie de l’auteur et Duras elle-même en a souligné l’aspect autobiographique. Au début du livre, la narratrice dit explicitement : « Il faut que je vous dise encore, j’ai quinze ans et demi ». Elle écrit cette phrase dans l’oralité de l’écriture, nous faisant par la même occasion remarquer que son visage est ravagé par l’alcool. Nous savons que Margueritte Duras avait une grande attraction pour l’alcool aussi qu’elle a vécu sa première jeunesse aux colonies. Ces faits sont pour nous une raison de regarder ce texte comme un récit autobiographique. Mais l’œuvre entière de Duras contient des renvois auto textuels, ce qui n’est pas une qualité exclusive du genre autobiographique comme le souligne Jeannette M. L. Elle nous dit encore que cette manière de procéder montre que Duras aspire à effacer les limites entre les genres. Il y a le moment de la découverte de la vocation qui surtout nous incite à voir le pacte autobiographique dans ce livre. Au moment où la petite fille découvre l’amour, elle sait avec certitude qu’elle veut écrire. C’est par, et à travers, l’écriture qu’elle découvre et cherche son identité. L’écriture en tant que telle est vitale. Elle désamorce le langage courant pour atteindre la profondeur. Duras recherche la vérité, elle veut saisir l’insaisissable, cette réalité psychique enfouie au plus profond d’elle-même.

L ‘aventure amoureuse de la jeune fille a la signification d’un rite de passage. 

Le rite de passage ou l’initiation est une aventure mystique. Pour vivre cette aventure, cette initiation, l’isolation de l’individu est d’importance capitale. L’auteur réfère à l’isolation de l’enfant dans cette société coloniale où elle est mise au ban de la société, déjà avant d’avoir vécu son aventure amoureuse. C’est parce qu’elle est isolée qu’elle peut la vivre. Entourée par sa famille et la société, l’expériment n’aurait pu lui arriver. Dans l’initiation, ce rituel anthropologique, l’eau joue un très grand rôle tout comme dans ce récit. Principalement dans les scènes où les amants se douchent pour se purifier du monde extérieur avant de s’unir. La narratrice est curieuse du rituel, elle va de l’avant. Cette aventure fait partie de sa quête d’identité. Elle se découvre en performant cet acte sexuel puisqu’elle sait alors ce qu’elle veut. Elle analyse ses sentiments, la situation, le décor, son partenaire, son désir et elle apprend à se distancier tout à la fois. Elle ressort encore plus pure de cette expérience. La souillure de la prostitution ne l’atteint pas. Cela ne fait pas partie de son monde à elle qui est au-delà des apparences comme les voit la société coloniale. Son monde, c’est l’invisible, l’ineffable, le désir qui est omniprésent sans que l’on puisse le décrire, ni l’écrire, ni le créer. Tout comme l’esprit comparable au morceau de sucre immergé dans une tasse d’eau. L’eau devient sucrée et le sucre a disparu. Pourtant sa présence est indéniable. Le goût de l’eau l’authentifie. L’écriture authentifie le désir chez Duras ainsi que sa quête d’identité présente sous et dans chaque parole, chaque mot, chaque lettre écrits.

Duras insiste beaucoup sur l’accoutrement vestimentaire de la jeune fille au moment où elle rencontre l’amant chinois. Ces vêtements bizarres pourraient-ils avoir une signification symbolique ?

Peut-être devons nous rechercher la signification de l’accoutrement dans le voyage initiatique lié à l’expérience de la jeune fille. En effet, avant son départ pour la quête initiatique, le novice reçoit des habits spéciaux qui l’accompagneront dans son voyage et lui permettront d’être reconnu comme tel par ceux qu’il rencontrera. Que l’on pense aux robes blanches des mariées qui commenceront une vie nouvelle au lendemain de leurs noces ou celles des petites communiantes dans l’église catholique ! Mais aussi par exemple, aux plumes d’oiseaux réservées à cet effet de différentiation chez les Dogons ou certains peuples de l’Amazonie. L’enfant porte un chapeau comme aucune femme n’en porte en Indochine. Duras met l’accent sur le chapeau et les chaussures. Deux objets fétichistes de l’habillement de la femme et non pas d’une jeune fille de quinze ans à l’époque. L’enfant est vouée à un sort unique, divergeant totalement de celui des autres femmes. Ces dernières sont promises au mariage, à l’ennui, au malaise, à la mort, à l’absence de désir ou du moins de sa satisfaction, à l’abandon souvent. Un sort totalement dissemblable attend l’enfant. Son accoutrement la différentie de toutes les autres femmes. Elle est choisie. L’élue sacrifiée renaîtra purifiée, libérée des interdits et des tabous de cette société. 

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Classé sous :Critique littéraire Balisé avec :Amant, autobiographie, chine du nord, Marguerite Duras

mars 15, 2022 By mlc

Matthieu Biasotto, Ewa

EWAUn pensionnat pour demoiselles de la bourgeoisie polonaise où le traitement infligé aux internes des familles aisées ne laisse rien présager de bon pour les jeunes filles. Dans ce vase clos à Miedzeska au cœur du pays, être riche signifie avoir son séjour payé à l’avance sur plusieurs années. Qui s’acquitte du paiement au mois fait partie des pauvres, nourri des restes de la table des plus fortunées, logé dans un bâtiment non chauffé et se couche dans un dortoir collectif.

Dans ce pensionnat, la directrice, une femme rébarbative et peu liante, exige une discipline de fer de toutes les pensionnaires. Aucune exception n’est tolérée sous peine de se voir infliger des sanctions corporelles dignes des Thénardier. A la moindre incartade, les punitions humiliantes tombent comme des couperets.

Ewa possède un don qui est une malédiction sans rémission. Elle ne doit jamais contempler son reflet dans un miroir. Elle doit, seule, subir les conséquences d’un passé lourd à porter, car elle ne peut se confier à qui que ce soit. Nous n’en dévoilerons pas plus pour laisser le plaisir de la découverte au lecteur.

Matthieu Biasotto a magistralement retransmis l’ambiance glauque, étouffante dans laquelle Ewa doit vivre, totalement privée de liberté. Des personnages crédibles et bien dessinés peuplent sa fiction. La narration se déroule en toute logique selon les poncifs du genre avec quelques retournements de situations qu’Agatha Christie n’aurait pas désavoués.

Son écriture se prête amplement à décrire les scènes de tortures; celles d’amour le sont avec beaucoup plus de pudeur, à tel point qu’elles semblent tout droit sorties de l’époque évoquée ou d’une fiction jeunesse. Néanmoins ce manque d’épanchement dans la douceur est rafraîchissant et amplifie l’horreur des sévices subis par l’héroïne à plusieurs moments.

L’un dans l’autre, un grand roman noir qui tient ses promesses.

Matthieu Biasotto, Ewa, Amazon

Classé sous :Critique littéraire Balisé avec :Agatha Christie, Miedzeska, Pologne, roman noir

mars 15, 2022 By MLC

La Reine des neiges de Laura MacLeod

La Reine des neiges : Un univers où les marchés du sexe et de la pharmaceutique s’allient dans une intrigue haletante. Je le recommande vivement ! 🙂
 
Par une matinée d’hiver, une femme congelée est retrouvée engoncée dans la cargaison d’un semi-remorque accidenté. Elle porte une guêpière. Des bas résille moulent ses jambes.
Oleg Krikov et Valéry Parov, chargés de l’enquête, lisent abasourdis le rapport d’autopsie. L’ADN révèle une hybridation spectaculaire affirme le médecin-légiste Irina Krougine.
Trois jours plus tard, des enfants découvrent, enfouie dans une congère, une jeune femme vêtue de dentelles. « La Reine des neiges, » murmure un des petits. Bien qu’infime, son pouls bat encore. Elle vit. D’où vient-elle ? Comment a-t-elle pu résister à la morsure du froid ? Se réveillera-t-elle de son coma ?
Krikov et Parov soupçonnent Mikhaïl Yegourine, un mafioso sans scrupules, d’être mêlé à ces événements surprenants. Réussiront-ils à monter un dossier sans faille contre lui ? Pourront-ils percer le mystère de l’ADN hybride ?
La Reine des neiges : un monde où les femmes sont des produits avec date de péremption.
 
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Classé sous :Critique littéraire Balisé avec :ADN, ADN hybride, La Reine des neiges, laboratoires pharmaceutiques, Lac Baïkal, Mafia, Mafioso, Moscou, polar, Russie, sexe, Sibérie, suspense, thriller, trahisons, viol

mars 13, 2022 By mlc

Luca Tahtieazym, Le Roman inachevé

roman inachevéIl y a les livres à lire tranquillement pour se délasser, qui détendent ; il y en a d’autres qui emportent dans des lieux magiques ou inconnus, font voyager en des contrées lointaines. Puis, il y a ceux que l’auteur a écrit avec ses tripes : des livres qui prennent à la gorge et ne vous lâchent plus. Nous ne parlerons pas des livres soporifiques qui  tombent des mains : ils existent, mais il est préférable de les oublier sauf en cas d’insomnie. Il y a encore une autre sorte de livres : les livres que le lecteur doit mériter. Le Roman inachevé de Luca Tahtieazym est à ranger dans cette dernière catégorie. Ce n’est qu’à la dernière ligne qu’il déploie toute son ampleur. Un coup de maître !

Dans ce roman, c’est tout autant l’intrigue que la narration qui accrochent avec un style d’écriture qui n’est pas sans rappeler celui d’Alain Robbe-Grillet dans La Jalousie. Toutefois, un personnage tourmenté aux accents houllebecquiens y tient le lecteur en haleine. Il est à remarqué que pour le titre, l’auteur a eu des prédécesseurs d’envergure : Aragon, Maupassant, Stendhal…

En exergue, la citation de Cyrulnik annonce déjà la couleur : ce sera noir, très noir. Quant à l’incipit « Longtemps je me suis couché débonnaire », il est loin d’introduire une parodie proustienne. Le narrateur de la première partie est atteint d’une tendance de nombrilisme aiguë  qui le recentre sur son moi quasiment transparent. Un exercice ardu que de le cerner. Souffre-t-il d’auto-apitoiement ou de lucidité exacerbée ? Les deux, mon capitaine et… pas que !

Le narrateur de la deuxième partie est omniscient et dévoile au lecteur ce que Romain, le narrateur de la première partie, n’a pu lui dire, car il l’ignorait, mais dont il observait les effets, dévastateurs est-il besoin de le souligner ! Une structure narrative des plus audacieuses, réjouissante dans sa complexité avec ce revirement de focalisation abrupte en milieu de roman.

Si le titre laisse présumer d’un inachèvement quelconque, l’histoire en recèle assurément plus d’un. Toutefois, ce roman de Luca Tahtieazym est certainement l’un des plus aboutis qu’il soit donné de lire et révèle une fois de plus la maîtrise sans faille de l’auteur.

Luca Tahtieazym, Le Roman inachevé,  Amazon Kindle, Broché

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mars 12, 2022 By MLC

L’Appel des Launeddas de Muriel Martinella

Ecrit dans une plume subtile, pleine délicatesse, L’Appel des Laudennas de Muriel Martinella est une plongée dans la psychologie des êtres chavirés par l’existence.

Manifestement, Muriel Martinella s’est penché avec ferveur sur la psychologie de ses personnages qui sont ciselés dans une écriture précise où chaque mot résonne de mille éclats sans jamais dévoiler son secret. C’est un livre à déguster. Chaque phrase emporte le lecteur dans un univers inconnu et néanmoins reconnaissable. Un des romans que sans doute on retrouvera du plaisir à relire dans quelques temps.

Elle avait ramené ses cheveux en un petit chignon adorable, ce qui avait pour effet d’accentuer sa maigreur et révélait sa nouvelle nuque d’oiseau, si fragile sous le duvet blond.

Les tréfonds de l’âme humaine sont parfois insondables, mais l’auteur parvient à y faire séjourner son lecteur en une exploration digne d’un spéléologue dans des grottes inexplorées. Son héroïne décortique les moments vécus par ses géniteurs qui ont précédé sa naissance. Elle devra vivre une longue nuit pour enfin découvrir c’elle qu’elle est réellement.

Au lac d’Annecy, un double suicide par noyade. Des témoins affirment avoir vu un couple main dans la main, pénétrer ses eaux dormantes. Or, malgré des recherches organisées par la gendarmerie, assistée d’un sonar sophistiqué pour sonder les profondeurs de ce lac, seul le corps d’une femme est retrouvé… De retour des Etats-Unis pour assister aux obsèques de sa mère, Eve et sa tante Juliette qui l’a élevée vont remonter le passé en s’aidant de documents audio ou épistolaires laissés par le couple. Au cours d’une longue et rude nuit, Eve va pousser Juliette dans ses retranchements jusqu’à lui extirper la genèse des trois morts violentes auxquelles elles sont mêlées. Une vérité qui se paiera au prix fort… EXTRAIT :

« … Je n’ai pas entrepris de longues études et raisonne simplement, avec tout le bon sens dont je dispose, continua la voix de Colin. Je vais essayer de poser des mots sur cette tragédie que nous vivons depuis quelques mois avec toute l’objectivité dont je suis capable. Les femmes sont rentrées de Sardaigne. Oui, contraint et forcé, j’ai dû laisser Marie à Juliette. Mais je ne l’abandonne pas. Je reviendrai la chercher aussi vite que je le pourrai et bientôt, cette aventure ne sera plus qu’un mauvais souvenir. L’image tremblotante de Marie dans le rétroviseur alors qu’elle est tassée sur la banquette arrière de la voiture de location est la dernière image que je garde d’elle ; les os pointus de son corps d’oiseau qui se dérobe à mon étreinte, la dernière sensation dont mes bras se souviennent… »

Muriel Martinella, L’Appel des Launeddas, sur Amazon

Classé sous :Critique littéraire

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