Aventure Litteraire

Chroniques, Conseils, Fiction, Non Fiction, Polar and Co

mars 8, 2022 By mlc

Robert Dorazi, Hivernatien et le Pré aux crevasses

Hivernatien pré aux crevassesUne nouvelle aventure d’Hivernatien Minimus, le jeune sorcier des glaces. Un monde magique où les aléas d’un quotidien familier sont sublimés. Un ouvrage particulièrement approprié pour apprendre comment naviguer dans notre univers journalier de façon ludique.

Le monde magique où les sorcières de la glace ont besoin d’un crédit pour se fabriquer des ailes. Gaspardon leur vient en aide et leur enseigne qu’il y aura des intérêts à payer ! Un crédit vous engage !

Des noms étranges qui deviennent vite familiers: Mikimi, Gaspardon, Lorepure, Marty McFly, DeLoreau, Bouleddeblanc… Un monde où la folie peut se révéler du côté droit ou bien du côté gauche de la tête ou des deux côtés, c’est selon. Un monde où l’on peut toujours aller plus bas, mais un monde si bien décrit et si cohérent pour la plus grande joie des petits et des grands.

Robert Dorazi, Hivernatien et le Pré aux crevasses, Amazon Kindle

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mars 7, 2022 By mlc

Jean-François Pissard et Geneviève Ballereau, Le degré de connerie

Connerie PissardLa connerie, c’est quoi ?

Un livre dont le titre ne m’aurait jamais attirée si je n’avais connu l’auteur. Mais ayant énormément apprécié plusieurs de ses écrits dont son sublime « Dieu en 1970 », j’ai placé sa connerie dans ma PAL.
Livre intéressant par une réflexion drôle tout en restant sérieuse. En effet, l’humour est au rendez-vous sans dominer. Des questions auxquelles le lecteur peut répondre pour noter le degré de connerie de tout un chacun.

« La connerie n’est pas l’apanage d’un âge ; il existe des jeunes cons comme des vieux cons, ni d’un rang social, il est de fieffés cons démunis, comme de sacrés cons dotés d’un solide patrimoine, des employés à la connerie consternante comme des employeurs qui nous atterrent par la couche épaisse qu’ils tiennent. Ce n’est même pas une affaire d’instruction. Nous connaissons tous des avocats, professeurs, élus, qui pourraient trôner sur les marches du podium de la connerie. »

On peut rester dubitatif sur l’utilité d’une telle démarche, il n’en reste pas moins que les réflexions offertes sont à creuser sans modération.
Une petite réserve, toutefois. Une définition plus élaborée de la connerie aurait été à sa place, peut-être l’étymologie du mot de même que la méthodologie employée pour les exemple aurait pu être expliquée plus longuement.
Exception faite de ces détails « véniels », l’ouvrage mérite un bon gros cinq étoiles de ma part pour l’immense travail fourni et une écriture des plus correctes plaisante à lire.

Jean-François Pissard et Geneviève Ballereau, Le degré de connerie, Amazon Kindle

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janvier 30, 2022 By mlc

Ce que nous appelons l’extrême contemporain

mode-écriture1Nous utilisons “extrême contemporain” pour définir la production littéraire des dix à vingt dernières années. Il s’agit donc d’un concept fluide et insaisissable en un certain sens.

Cette appellation serait une invention de Michel Chaillou en 1989. En fait, ce terme est très confortable et recèle la complexité chaotique d’une situation littéraire toujours en mouvement. Cela aussi bien d’un point de vue chronologique, puisque les limites de l’extrême contemporain se déplacent d’année en année. Et du point de vue de l’hétérogénéité car la production littéraire peut difficilement être définie d’une façon claire et précise. Ce terme, de fait comprend à peu près tout ce que l’on désire y mettre. La production littéraire de cette période est caractérisée par un immense corpus dont la recherche de l’identification des tendances est précaire, et inévitablement partiale, aucun d’entre nous n’étant capable d’ingurgiter la production littéraire dans sa complexe complétude. L’extrême contemporain n’est pas un mouvement littéraire, mais un terme facilitant l’expression et la communication entre chercheurs et amoureux du livre, auteurs…

Or, du fait de son intangibilité, sa non délimitation ou plutôt ses frontières amovibles, l’extrême contemporain par son indiscernabilité occasionne de nombreuses failles traitresses à qui s’aventure en ses abondantes possibilités de dénomination. En outre, traitant d’un corpus mouvant puisque en devenir, le chercheur se voit souvent confronté aux démentis de ses allégations même bien fondées. Ce qui est vérifiable pour les trois premiers romans d’un auteur peut s’avérer infirmé par le quatrième, d’où l’immense courage requis pour reconnaître l’inanité à penser détenir la vérité recherchée avec détermination.

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octobre 26, 2016 By mlc

Tristan Jordis, Crack

tristan-jordis-crackUn premier livre dont surgit à nouveau cette question jamais résolue : où s’inscrit la frontière entre fiction et reportage. Crack est un texte hybride entre enquête et récit, sociologie et littérature. Enfers artificiels.

Le soir, je fumais un joint à La Villette avec Bouba, mon seul vrai pote dans le milieu. Comme je lui confessais une vive appréhension à l’idée de me retrouver au cœur de la frénésie nocturne de la galette, il se moqua de moi.

– J’y crois pas, tu vas descendre avec Saga porte de La Chapelle, à minuit. Ha, petit Blanc, demain ils vont t’attendre, planqués à chaque coin de rue, tu vas te faire dépouiller. Je t’aimais bien, vraiment, je te trouvais sympa, c’est dommage que tu finisses comme ça.

Il est plié de rire. Je ris jaune – la peur. Confrontation avec un monde dangereux, riche en fantasmagories. Il faut y aller, pas le choix. À chercher la guerre, elle vient à votre rencontre. J’attendais cette proposition d’un guide depuis un mois. J’ai donné ma parole à Saga, plus de retour en arrière possible, l’histoire peut commencer.

A trente ans, Tristan Jordis publie Crack en 2008. Pour l’écrire, il a passé un an à sillonner l’univers des toxicomanes, dans le quartier de Porte de la Chapelle à Paris. Stalingrad a gardé sa réputation sulfureuse et les habitants de l’Est savent encore exactement où circulent les habitués du « caillou », cette drogue récente aux ravages bien plus puissants que ceux de l’héroïne. Sans oublier son propre traumatisme, il se met en scène, car se mettre en scène permet de faire ressortir la violence du milieu, les trajectoires des personnes, explique Tristan Jordis passé par la sociologie et le journalisme.

Ce trentenaire choisit le parti-pris, au contraire des travaux sociologiques, et sauve son texte de ce qui aurait pu être seulement la description d’une longue traversée du désert ou, comme il le dit lui-même, du découragement du petit Blanc isolé dans les tourments de l’Afrique parisienne. Avant de s’engager, dans ce monde dans le monde avec ses codes et ses langages, il hésite longuement, constatant que l’amitié est bannie de ces décors sordides d’une humanité en dérive où surnage tout de même parfois des instants de grâce dans une parole ou un regard. Véritable descente aux enfers où la violence cède souvent le pas à la susceptibilité dans cet univers où la mort est la plus proche voisine. L’euphorie du crack y règne à tout instant. Tu éprouves une puissance à pouvoir endurer n’importe quoi, tu ne ressens plus la douleur, la peur, la faim, la fatigue… Il n’y a plus que le contrôle décuplé de tous tes moyens, lui confient garçons et filles côtoyés dans ce cloaque invivable. Impossible d’y échapper à la tyrannie de la drogue.

Misère, précarité et solitude sont les mots d’ordre qui riment avec descentes de flics, prostitution et incarcération. Expulsion aussi car les associations ne peuvent sauvés du rejet sociétal ces êtres en détresse. Ils s’appellent Saga, Bouba, Serge, Souleymane, Lamine ou Ouna et sont prêts à tout pour obtenir quelques granulés de cette drogue puissante et rejoindre les enfers qui leur tiennent lieu de domicile fixe dans leur monde nocturne et interlope.

Jordis gagne son pari et nous aide à pénétrer le fourvoiement tragique qui intime aux jeunes et moins jeunes mal dans leur peau à chercher un refuge illusoire dans le crack, la « galette », traduit par la répétition inexorable d’un principe de plaisir décharné. Pas de chiffres, peu de dates. Il ne s’agit pas d’une analyse du crack à Paris, mais d’un livre fort à lire pour ceux qui désirent comprendre l’un des phénomènes les plus destructeurs de notre société vingtéunièmiste.

Tristan Jordis, Crack, Paris, Seuil, 2008, 350 pages, 19,90 €

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octobre 25, 2016 By mlc

Vladimir Sorokine, Glace (russe)

vladimir-sorokine-glaceRoman d’une brûlante intensité malgré la glace qui l’innerve de part en part. Le marteau de glace signifie par ses coups une renaissance ou la mort sans appel. En plusieurs étapes tant historiques que spirituelles, La Glace nous entraîne vers l’aboutissement final.

Les rues de la capitale moscovite sont le théâtre d’étranges scènes. Une secte puissamment organisée y enlève des hommes et des femmes dans le dessein d’exterminer l’humanité corrompue par le sexe et la violence, et reconstituer ainsi une assemblée d’élus. Les victimes sont kidnappées, ligotées et frappées sur le sternum par un marteau de glace afin d’écouter leur cœur parler. La plupart des victimes succombent sous les coups.

Seuls les « élus » survivent, car leur cœur réveillé prononce leur nom. Accueillis par la communauté, ils sont initiés à la langue du cœur, leur quotidien radicalement bouleversé par la révélation de la lumière.

Critique féroce d’une société d’où le sacré semble avoir disparu, La Glace relate la quête désespérée où il faut frapper férocement les cœurs pour qu’il en sorte une étincelle d’humanité, oscillant entre l’option de rêve et celle de réalité.

Vladimir Sorokine, Glace, Éditions de l’Olivier, 2005, 314 pages, 22 €. Traduit du russe par Bernard Kreise. Disponible en collection Points, 7 €

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