mars 15, 2022 By mlc

Matthieu Biasotto, Ewa

EWAUn pensionnat pour demoiselles de la bourgeoisie polonaise où le traitement infligé aux internes des familles aisées ne laisse rien présager de bon pour les jeunes filles. Dans ce vase clos à Miedzeska au cœur du pays, être riche signifie avoir son séjour payé à l’avance sur plusieurs années. Qui s’acquitte du paiement au mois fait partie des pauvres, nourri des restes de la table des plus fortunées, logé dans un bâtiment non chauffé et se couche dans un dortoir collectif.

Dans ce pensionnat, la directrice, une femme rébarbative et peu liante, exige une discipline de fer de toutes les pensionnaires. Aucune exception n’est tolérée sous peine de se voir infliger des sanctions corporelles dignes des Thénardier. A la moindre incartade, les punitions humiliantes tombent comme des couperets.

Ewa possède un don qui est une malédiction sans rémission. Elle ne doit jamais contempler son reflet dans un miroir. Elle doit, seule, subir les conséquences d’un passé lourd à porter, car elle ne peut se confier à qui que ce soit. Nous n’en dévoilerons pas plus pour laisser le plaisir de la découverte au lecteur.

Matthieu Biasotto a magistralement retransmis l’ambiance glauque, étouffante dans laquelle Ewa doit vivre, totalement privée de liberté. Des personnages crédibles et bien dessinés peuplent sa fiction. La narration se déroule en toute logique selon les poncifs du genre avec quelques retournements de situations qu’Agatha Christie n’aurait pas désavoués.

Son écriture se prête amplement à décrire les scènes de tortures; celles d’amour le sont avec beaucoup plus de pudeur, à tel point qu’elles semblent tout droit sorties de l’époque évoquée ou d’une fiction jeunesse. Néanmoins ce manque d’épanchement dans la douceur est rafraîchissant et amplifie l’horreur des sévices subis par l’héroïne à plusieurs moments.

L’un dans l’autre, un grand roman noir qui tient ses promesses.

Matthieu Biasotto, Ewa, Amazon

Classé sous :Critique littéraire Balisé avec :Agatha Christie, Miedzeska, Pologne, roman noir

mars 15, 2022 By mlc

La sémiotique, c’est quoi dans le fond ?

ClartéJe l’ignore. Je sais seulement que je suis une sémioticienne. Et cela, depuis mon plus jeune âge. Depuis que je suis née, je dois décrypter, lire, interpréter les signaux qui me viennent de mon entourage pour survivre. Apparemment, je n’y suis pas trop mal parvenue puisque je suis encore en vie. La sémiotique est la force qui régit l’univers. Chaque organisme, végétal, animal ou minéral, doit être capable de lire tous les autres organismes autour de lui pour rester en vie, évoluer, se transformer éventuellement conformément à sa volonté de survie.

Un grand bonhomme de la théorie nous dit qu’un signe n’est qu’un signe à partir du moment où il est interprété comme tel. Possible de discuter cette question, car dans la pratique existentielle, plus d’un a dû laisser ce monde pour avoir failli à interpréter un signe envoyé par son voisinage comme tel. Négliger les signes de son environnement peut être fatal autant que de les mal interpréter, les occulter ou manquer à les repérer. Un exemple que tout un chacun peut comprendre est le suivant.

Un promeneur solitaire en forêt rencontre un chien. S’il peut lire les signes que l’animal lui envoie, il pourra adapter son comportement. Le chien s’approche-t-il en frétillant la queue et en restant bas sur pattes, notre promeneur n’a rien à craindre. Au contraire, le canin s’approche-t-il les crocs découverts et le poil du dos hérissé, le promeneur aura tout à craindre de la rencontre et il doit sans aucun doute être sur ses gardes. Toutefois, il lui sera indispensable, en premier, d’identifier l’animal, ou l’être à qui il a affaire. S’agit-il d’un ours, il pourrait y laisser la vie. S’il s’est aventuré trop près de l’animal, car il a mal observé les alentours et a failli à noter les signes que lui envoyait la forêt qui lui indiquait la présence de l’animal. Ces signes sont à ne pas confondre avec l’ombre des feuillages, par exemple.

De même, interpréter les signes que nous envoient nos semblables est tout autant d’importance, même si dans ce cas nous parlons de langage corporel. Ce dernier fait tout autant partie de la sémiotique que les signes de la nature.

Murielle Lucie Clément, La Clarté des ténèbres. Récits d’ombre et de lumière, Amazon Kindle et broché

Résumés

« C’était en l’an 2000 », une histoire de ténèbres emplies de noirceur onirique à l’aspect prémonitoire.  « La rencontre », tout ensoleillée de teintes pastelles et chatoyante, nous emporte au monde des rêves. « Le déjeuner » présente deux amies dans une cafeteria de Paris. Nous errons avec la narratrice à la poursuite d’ouvrages choisis dans « Le Libraire ». « Les mangeurs de fœtus » nous plonge dans l’univers d’une société atroce. Une  cantatrice revoit des fragments de son enfance dans « Viva l’opéra ».

Classé sous :Atelier Litteraire

mars 14, 2022 By mlc

Lucas Leverger, Omnia vanitas

Omnia vanitasAvec Omnia vanitas, Lucas Leverger signe un polar époustouflant dans sa conception. Une trame astucieuse et une intrigue cohérente, complexe, élaborée captivent de bout en bout le lecteur le plus exigeant.

Louisa Torrès, capitaine de police au 36 quai des Orfèvres, doit jongler entre ses vies professionnelle et personnelle. Des collègues parfois ignobles lui rendent l’existence plus que malaisée dans son travail. Certains espèrent voir son échec et se réjouissent des difficultés de l’enquête qui lui est confiée par sa hiérarchie.  Un tueur lettré qui signe ses assassinats d’une citation latine. Un malade intelligent qui aime faire souffrir. Suspense et tendresse sont au rendez-vous comme dans les autres livres de l’auteur.

Des jours sans toi m’avait tenue en haleine pendant une soirée au coin du feu et je ne regrette pas d’avoir fait le choix de lire Omnia vanitas. Mon premier livre de cet auteur fut Regarde au fond du lac qui m’avait tout autant charmée. Un auteur à suivre assurément que je recommande chaudement aux amateurs du genre.

Lucas Leverger, Omnia vanitas, Amazon broché

Classé sous :Salon littéraire

mars 13, 2022 By mlc

Les synonymes : indispensables pour une écriture saine 1)

tranchantTranchant :

absolu, acéré, affilé, affirmatif, affûté, aigre, aigu, aiguisé, âpre, audacieux, autoritaire, bourru, bref, brusque, cassant, catégorique, coupant, décidé, décisif, dictatorial, doctoral, dogmatique, dur, émorfilé, émoulu, fil, impératif, impérieux, incisif, inflexible, insolent, intransigeant, lancinant, morfil, pénétrant, péremptoire, pontifiant, prompt, repassé, résolu, rude, sans réplique, sec, sentencieux, sévère, taillant, taille, tranché, violent.

Classé sous :Atelier Litteraire Balisé avec :écriture saine, fb, synonymes, tranchant

mars 13, 2022 By mlc

Luca Tahtieazym, Le Roman inachevé

roman inachevéIl y a les livres à lire tranquillement pour se délasser, qui détendent ; il y en a d’autres qui emportent dans des lieux magiques ou inconnus, font voyager en des contrées lointaines. Puis, il y a ceux que l’auteur a écrit avec ses tripes : des livres qui prennent à la gorge et ne vous lâchent plus. Nous ne parlerons pas des livres soporifiques qui  tombent des mains : ils existent, mais il est préférable de les oublier sauf en cas d’insomnie. Il y a encore une autre sorte de livres : les livres que le lecteur doit mériter. Le Roman inachevé de Luca Tahtieazym est à ranger dans cette dernière catégorie. Ce n’est qu’à la dernière ligne qu’il déploie toute son ampleur. Un coup de maître !

Dans ce roman, c’est tout autant l’intrigue que la narration qui accrochent avec un style d’écriture qui n’est pas sans rappeler celui d’Alain Robbe-Grillet dans La Jalousie. Toutefois, un personnage tourmenté aux accents houllebecquiens y tient le lecteur en haleine. Il est à remarqué que pour le titre, l’auteur a eu des prédécesseurs d’envergure : Aragon, Maupassant, Stendhal…

En exergue, la citation de Cyrulnik annonce déjà la couleur : ce sera noir, très noir. Quant à l’incipit « Longtemps je me suis couché débonnaire », il est loin d’introduire une parodie proustienne. Le narrateur de la première partie est atteint d’une tendance de nombrilisme aiguë  qui le recentre sur son moi quasiment transparent. Un exercice ardu que de le cerner. Souffre-t-il d’auto-apitoiement ou de lucidité exacerbée ? Les deux, mon capitaine et… pas que !

Le narrateur de la deuxième partie est omniscient et dévoile au lecteur ce que Romain, le narrateur de la première partie, n’a pu lui dire, car il l’ignorait, mais dont il observait les effets, dévastateurs est-il besoin de le souligner ! Une structure narrative des plus audacieuses, réjouissante dans sa complexité avec ce revirement de focalisation abrupte en milieu de roman.

Si le titre laisse présumer d’un inachèvement quelconque, l’histoire en recèle assurément plus d’un. Toutefois, ce roman de Luca Tahtieazym est certainement l’un des plus aboutis qu’il soit donné de lire et révèle une fois de plus la maîtrise sans faille de l’auteur.

Luca Tahtieazym, Le Roman inachevé,  Amazon Kindle, Broché

Classé sous :Critique littéraire Balisé avec :Aragon, fb, Maupassant, roman inachevé

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