février 10, 2016 By mlc

Michel Houellebecq, Soumission, roman

SoumissionEnfin, je viens de terminer Soumission de Michel Houellebecq dont j’avais commencé la lecture au mois de décembre 2014. Vous lisez bien 2014, l’éditeur me l’ayant fait parvenir avant sa sortie officielle en janvier 2015.

A l’occasion de la publication, France Culture m’avait invitée en tant que LA spécialiste de Michel Houellebecq à venir parler de l’auteur pendant une heure. Toute une heure d’entretien rien que pour moi. C’était au mois d’octobre 2014! L’émission devait être enregistrée et mise à l’antenne en janvier 2015 pour la sortie du livre. J’avais hésité pour finalement refuser. Et cela pour plusieurs raisons. L’une d’elle est qu’après avoir écrit une trilogie sur Michel Houellebecq (Houellebecq. Sperme et sang, Michel Houellebecq revisité. L’écriture houellebecquienne, Michel Houellebecq sexuellement correct), j’estime que ce que j’ai à dire sur l’auteur a déjà été exprimé dans mes livres. La deuxième consiste en mon aversion pour les émissions enregistrées et montées après coup. La troisième, en ce cas précis, était que le journaliste me demandais pratiquement de structurer son émission car il n’avait ni lu Houellebecq ni mes livres! Et enfin, mais non la moindre, c’est que j’ai peu envie de consacrer toute une journée à l’enregistrement d’une émission dont je n’ai que faire. Oui, il me faut partir de chez moi, prendre le train après avoir rejoint la gare en voiture, traîner dans Paris, être aimable avec des gens, éviter de m’irriter aux questions d’un journaliste qui ignore mes livres et a peu lu Houellebecq, attendre pour une histoire de technologie (un micro qui fonctionne mal, un bouton qui aurait dû être poussé plus à fond, que sais-je!), rentrer tard le soir chez moi, fatiguée, bref avoir perdu mon temps pour répéter ce que j’ai déjà écrit.

sperme et sangQu’ai-je à prouver? Rien. Je suis considérée comme LA spécialiste de Houellebecq ? Grand bien leur fasse!  Néanmoins, j’ai précisé au journaliste que toute ces appellations sont, selon moi, surfaites! Il avait l’air surpris.

Bref, pour revenir au sujet de cet article, j’ai donc terminé Soumission. J’aurais mis plus d’une année pour le lire. Pourquoi? Parce que ce livre au début, m’a très moyennement emballée et qu’ensuite je l’avais oublié. En le commençant, je l’ai trouvé trop houellebecquien. Comme une sorte de remake. Oui, bon d’accord, c’est du Houellebecq est la pensée qui me vint après une cinquantaine de pages. De fait, je n’ai rien lu des critiques ou des articles sur le livre. Je l’ai laissé sur le piano. Je me disais que je devrais le terminer, mais impossible de m’y remettre. Puis, le temps passa. D’un seul coup, il me fallait reprendre la lecture. C’était impératif. Et je compris pourquoi après seulement une dizaine de pages. Ce n’était pas du Houellebecq. C’était du Grand Houellebecq!

ecriture houellebecquienneMichel Houellebecq s’est absolument surpassé dans ce roman. Le cadre, les personnages, les digressions ont pris une dimension supérieure. Mais, surtout l’écriture qui accumule encore plus de noirceur, brillant plus que le jais. Une écriture fulgurante et douloureuse dont l’humour grince et aveugle le lecteur tout en lui soumettant la vérité crue d’une situation quotidienne.

Inutile ici d’entrer dans les détails. Tout le monde sait et connait le roman par tous les commentaires, même s’il ne l’a pas lu! Michel Houellebecq est l’illustration parfaite du livre de Pierre Bayard: Comment parler des livres que l’on a pas lus? Tout comme tout le monde doit avoir écrit au moins un article sur Houellebecq, tout le monde doit avoir son opinion sur ses livres sans les avoir lus.

Houellebecq sexue correctIl faut lire le livre à l’écart des commentaires et des actualités pour en comprendre la profondeur. L’année dernière, je n’étais pas encore prête et manquait de la capacité la plus élémentaire pour apprécier ce chef d’œuvre. Je pense que maintenant c’est chose faite et je me suis délectée page après page, ligne après ligne, mot après mot. Je sais que c’est un livre que je relirais souvent pour en déceler toutes les subtilités. Merci Michel Houellebecq. Merci d’exister et de continuer à écrire.

Michel Houellebecq, Soumission, Flammarion, 7 janvier 2015

Murielle Lucie Clément, Houellebecq. Sperme et sang, L’Harmattan, 2003

Murielle Lucie Clément, Michel Houellebecq revisité. L’écriture houellebecquienne, L’Harmattan, 2007

Murielle Lucie Clément, Michel Houellebecq sexuellement correct,  Editions UNIVER, 2010

Pierre Bayard, Comment parler des livres que l’on a pas lus?, Editions de Minuit, 2012

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février 10, 2016 By mlc

Un peu d’orthographe avec les paronymes (3)

Main écrivantLes paronymes

Le paronyme (du gr. para, à côté, et onoma, nom) est un mot qui, tout en offrant avec un autre mot une grande ressemblance de forme, d’orthographe et de sonorité, n’a souvent aucune parenté de sens avec celui-cil Aussi, trompées par cette ressemblance, beaucoup de personnes les emploient l’un pour l’autre ce qui est toujours une faute grave. Parfois, le paronyme se confond avec le barbarisme.

Pour un certain nombre de ces paronymes l’équivoque n’est guère possible ; en revanche, pour d’autres, que nous définissons ci-dessous, il est permis d’hésiter.

allocation et allocution

Une allocation est une prestation en argent alors qu’une allocution est un bref discours.

allitération et altération

L’allitération est un terme de rhétorique qui désigne la répétition des consonnes initiales dans une suite de mots. Par ex. : le riz tenta le rat ; le rat tenté tâta le riz.. L’altération est une dégradation, mais peut aussi être employé dans le sens de falsification.

allusion et illusion

Une allusion peut se trouver dans un mot ou une phrase qui évoque quelqu’un ou quelque chose sans les nommer. Une illusion est une erreur qui fait prendre l’apparence pour la réalité.

alternance et alternative

Il n’est pas toujours facile de distinguer ces deux paronymes. En effet, tous eux comportent une idée de succession , mais dans alternative, il y en plus une idée de choix, d’option entre deux choses. Il faut éviter d’employer alternative dans le sens de « solution de remplacement ».

aménager et emménager

On aménage lorsqu’on dispose les choses avec ordre dans un but précis. Emménager, c’est le contraire de déménager.

Extrait du livre de Pr Tocquet, Comment avoir une orthographe qui mène au Succès, Évitez les pièges de l’orthographe

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février 8, 2016 By mlc

Murielle Lucie Clément, Crime à l’université (extrait)

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Crime à l’université

« À vingt mètres de là, sous les lampes jaunes allumées de jour comme de nuit, Alf van Duijn guettait son tas de fiches sur le tapis vert. Pas qu’elles bougeassent beaucoup depuis une heure, mais les cartes qu’il avait en éventail au creux de la paume, lui assuraient de rafler la mise totale. Il n’avait qu’un désir : que ses adversaires poussent le plus loin possible la partie. Il avait perdu jusque-là et s’était accroché croyant à la chance de se renflouer et la chance lui avait donné raison d’avoir gardé espoir. La seule chose qu’il avait à faire était de suivre et de garder une mine impassible. Nul ne devait se douter que son destin se jouait favorablement en ce moment même. Bien que tout à fait détendu quant à la conclusion du jeu, Alf savait paraître sur des charbons ardents et tromper les autres autour de la table. Les cours d’art dramatique suivis dans sa jeunesse portaient leurs fruits. Il avait bifurqué vers des études de Lettres non par manque de talent, mais plutôt par paresse. Il répugnait à apprendre tous ces textes par cœur. Les tirades qui faisaient la joie des autres étaient un supplice pour lui et il avait en horreur de se marteler les dialogues en tête. Pas sa tasse de thé.

Personne ne quittait la table. Personne ne passait. Personne ne se doutait de son jeu. Alf jubilait tout en ayant la mine de plus en plus défaite, juste un soupçon pour que les autres croient en ses cartes pourries, la fièvre du jeu l’entraînant au-delà du raisonnable. Encore un tour de table et les mises montaient. Alf se passa la main sur le front. Sûr de son coup, sûr de le coincer, Bauer doubla la mise avec une lueur de triomphe dans les prunelles. Tuinman se crut obligé de l’imiter. Briggs passa. Alf suivit. Sur la table, les fiches amoncelées équivalaient dix millions d’euros. La somme correspondait à l’hypothèque qu’il pourrait contracter sur sa maison. Les autres le savaient et le laissaient continuer, persuadés qu’il s’enferrait. Mais, il y avait là de quoi se refaire complètement pour Alf. Il sembla hésiter et doubla. Bauer tripla. Tuinman passa. Une heure s’était écoulée dans un silence, dans une tension intolérable pour tous. Alf jouait son va tout. Il en était conscient. Mais, le tas de fiches sur le tapis vert allait lui permettre d’assécher ses dettes et même plus.

Bauer, dans une tentation de l’acculer, tripla la mise. Alf suivit et demanda à voir ses cartes. Full house au roi. Alf comprenait pourquoi Bauer était allé si loin. Il était certain de gagner. Gardant le suspense le plus longtemps qu’il put, se forçant à suer, un jeu d’acteur digne des plus grands, il abattit un à un ses cinq as. Poker d’as ! Sans un mot de plus, il rafla la mise. Sans laisser voir sa joie. Sans laisser voir son triomphe. Sans laisser voir son intense satisfaction. Il se dirigea vers la caisse pour échanger et déposer ses fiches. Il savait que Bauer était solvable. »

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février 8, 2016 By mlc

La Clarté des ténèbres, extrait 2

ClartéL’envie

Quelquefois, la vie des autres paraît plus confortable, plus aisée, plus facile à vivre, en un mot préférable. Ces êtres, dont nous envions la situation, nous semblent choyés, protégés, adulés, préférés de leur entourage. Il ne nous vient pas à l’esprit qu’ils sont le plus souvent incontestablement instrumentalisés par le même entourage du fait même de l’existence et de la présence de celui-ci. Ils font partie d’un mécanisme social auquel ils n’ont pu se soustraire, ni duquel ils ont pu être expulsés. Peut-être n’en ont-ils  probablement jamais eu conscience et par-là même n’ont-ils jamais essayé d’échapper à ces mécanismes sociaux qui les broient et se maintiennent par la grâce des héritages dits spirituels, de mères en filles, de sœurs en frères et de tantes en nièces, plus sûrement que les gènes assurant notre morphologie.

Ces êtres en vérité se laissent miner, ronger, détériorer par un amant, un mari, une mère, un père par qui ce cannibalisme immatériel est camouflé sous les traits de l’amour qu’il soit sexuel, fraternel ou filial pour ne citer que ceux-là et qui ont comme caractéristique commune le terrorisme caché par lequel ils s’implantent.

Les cannibales ainsi déguisés sous le masque d’un amant, d’un père ou d’une mère, éventuellement d’une amie chère, exercent purement et simplement  une véritable mainmise sur les affects de l’objet de leur pseudo amour totalement instrumentalisé. Cet exploit leur permet de vivre par interposition sans crainte car sans risque d’avoir à subir les avatars des êtres auxquels ils inoculent le désir de se conformer aux actions et aux décisions qu’ils leur imposent.

Cet équilibre relationnel se comprend d’autant mieux que l’on sait que ces êtres, que l’on pense entourés, s’exécutent à accomplir les demandes du cannibale pour rester dans la situation d’êtres favoris où ils se trouvent ou du moins pensent se trouver. Qui ne voudrait être le préféré ?

Néanmoins, il faut bien se rendre compte qu’en ce cas, le choyé abandonne une grande part de sa mobilité et de son autonomie, de sa liberté d’action et qu’il paie très chèrement cette vie qui nous paraît meilleure. Cet argument sur la perte de la liberté en contrepartie d’un acquis est loin d’être nouveau. La Fontaine nous en dévoile l’un des rouages dans sa fable Le Chien et le loup. Ce dernier opte pour une pitance moindre et garde de préférence sa liberté.

Nous devrons nous le rappeler lorsque nous penserons que la vie de certains est plus douce que la nôtre. Leur place ne leur est pas donnée. Voudrions-nous en payer le prix ?

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février 7, 2016 By mlc

Crime à l’université, de Murielle Lucie Clément (extrait)

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Crime à l’université

« James Rush, lui, avait peu de talent oratoire. En revanche, son ouïe était d’une sensibilité peu commune. Il a même noté la mélodie du langage. Il se plaisait au théâtre y transcrivant les drames parlés en une notation spéciale inspirée de la notation musicale. Une grande erreur des linguistes actuels est de méconnaître cette dimension de la mélodie du langage dans l’apprentissage d’une langue. Les Russes, et plus tard les Américains, en ont été très conscients. A l’institut MGU, le vivier des espions à Moscou, les agents sont soumis pendant six mois à l’écoute puis, six autres mois à la diction d’une langue étrangère sans en connaître la signification. Ce n’est que lorsqu’ils ont parfaitement maîtrisé la prononciation qu’ils commencent à travailler la signification et la grammaire. Pour te dire que les films où les mecs du KGB ont un accent épouvantable sont du flan. Un Russe sorti de cette école, est passé maître dans les registres d’une langue mieux qu’un natif ! »

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