février 24, 2022 By MLC

JeF Pissard, Bob l’Amerloc (Éditions Jerkbook)

JeF Pissard a habitué ses lecteurs à un humour bon enfant aux blagues tant sur le fond que sur la forme. Dans Bob l’Amerloc, il ne déroge pas à cette règle et sert à son lecteurs des personnages hauts en couleur.
Robert Penissard, dit Bob l’Amerloc et son meilleur ami, Jean-Claude Giraudon dit Grandhi, forment un duo alerte ne manquant pas de répartie dans les situations les plus cocasses ou les séances de tarte à la crème (littéralement) pour des cérémonies officielles :

le DG et le président, top membres des « Les Pros Services Secrets », rudoyés et ridiculisés. Le Ministre témoin de cette scène. Et donc, à présent, concerné et embringué. Le préfet, pris de court par ce événements. Et qui n’a pas assuré. Les gendarmes et leur laxisme. Autant dire qu’après brassage secouage de tous ces trucs dans le shaker: ça va éructer sec et vite venir menacer de nous griller les poils du trou qui pète.

Les amis retrouvent Gérard Depardieu  dans le Centre de la France :

Wouuaahh… Le salaud, se laissent alors aller tout bas Grandji et Bob, en se lançant dans les bras de Gérard Depardieu et en s’étreignant comme des enfants. Rires; Tapes dans le dos. Pinçages de fesses. Touchage de couilles. Tout y passe comme au bon vieux temps. Et ça rit. Ça rit. Ça trinque. Ça trinque. Des mots. Et encore des mots…

Les situations les plus rocambolesques entraînent la fuite des compères dans un squat des plus crades sans aucune commodité. Qu’à cela ne tienne. A la guerre comme à la guerre:

Pour pisser, ils verront plus tard. En attendant chacun se pose sur les matelas. Bob hésite, tant c’est sale, et puis cède. Mao se met à plat dos. Jicé se met sur le côté, comme pour se trouver le moins possible en prise avec la crasse, s’appuie sur son coude et se soutient la tête. […]

Des bruits de marmaille. Des cris d’enfants. Des pas dans le couloir. Des bruits de cuisine sommaire. Des rots. Des pets. Des bruit de lavabo. Des bruits de miction (comme l’impression que ça pisse où ça peut). Des bruits de matelas. Des retournements sur les matelas. Des ronflements. Des gémissements de femmes. Des cris de femmes. Des gueulantes. Des bruits de matelas. Des râles de jouissance. De douleur aussi. Des coups. Des mots: « Salope. Salop. Enculé. »… Et puis les effluves de cuisine, de sueurs, de vents, de foutre…

Les organismes des trois lâchent prise…

Endormissement…

Description de l’éditeur:

« The spirit of San-Antonio is back ! »

Robert, dit Bob, (au centre sur la photo de couverture) se trouve pris dans une affaire de vol, à son insu. Voulant éclaircir l’affaire, il entraîne ses deux amis retraités, Grandji (à gauche) et Mao (à droite), dans de drôles d’histoires qui dégénèrent… et où sont impliqués, volontairement ou pas : un cabaret de spectacles travestis, Les Restos du Cœur, Emmaüs, un centre d’hébergement de personnes handicapées, Gérard Depardieu, le ministre Michel Sapin… et, et… peut-être des personnalités plus haut placées !?
Si les héros de cette histoire, menée tambour battant, peuvent apparaître à la lecture de ce livre comme étant réels, C’EST PARCE QU’ILS LE SONT. Voir leurs portraits sur la jaquette. Dans ce polar, il y a de l’action, jamais rien de violent à l’extrême comme on le voit trop (c’est à qui mettra le plus d’hémoglobine), il y a de la camaraderie, du suspens et de la profondeur derrière les maladresses de ces branquignols de l’enquête. Compte tenu du fond du sujet, qui se révèle au fur et à mesure de l’histoire, on peut dire que ce livre est un livre humaniste.

Voyez les protagonistes en vrai sur cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=5NlfWQMaN-A&t=11s

JeF Pissard, Bob l’Amerloc, Disponible sur Amazon

Classé sous :Critique littéraire Balisé avec :humour, littérature humoristique, suspense

février 24, 2022 By MLC

Luca Tahtieazym, Ceux qui ne renonçaient pas

Luca Tahtieazym est devenu l’un des auteurs dont on attend le nouveau roman avec une certaine impatience. Avec Ceux qui ne renonçaient pas, l’auteur sait une fois de plus captiver son lecteur. Mais en plus d’une intrigue encore mieux ficelée que le rôti dominical, ce roman régale par des allitérations raciniennes. Telle:

mais le morose a rossé le rose et elle aussi a cessé d’espérer

pour exprimé le désabusé de la femme après quelque temps de mariage où la lune de miel est supplantée par le quotidien.

On s’en doute, Ceux qui ne renonçaient pas ne rigolent pas tous les jours et ils se coltinent le chagrin à pleines brouettes comme le définit si bien le héros qui faisait partie des trembleurs blèches dans sa jeunesse (une allitération dont il siéra au lecteur d’en décortiquer la signification). Blèche comme le roman éponyme de Pierre Drieu La Rochelle paru en 1928 ou blèche comme un homme mou, sans panache ?

En dépit d’une mise en garde sur la validité de ses souvenirs, à aucun moment la mémoire ne fait défaut au narrateur pour relater avec force minutie son passé et ses aléas:

Mes premiers souvenirs sont diffus. Je n’ai pas de scènes précises en tête, plutôt des flashs, des photos d’un instant fugace, une réminiscence de sentiments oubliés, mis de côté, estompés par le manque d’envie.

Mené de plume de maître, ce roman plonge le lecteur dans les circonvolutions de l’âme humaine, une spécialité dont Luca Tahtieazym s’être fait le hérault. Moins épicé que Versus, Ceux qui ne renonçaient pas ne manque tout de même pas de piquant et fera les délices des fans de l’auteur par ses réflexions sur les comportements et leurs conséquences, le pardon et la vengeance, les victimes et leurs bourreaux formant la trame serrée d’une intrigue qui emporte à la vitesse grand V.

Quatrième de couverture:

Quand le sort crache son fiel et s’acharne sur l’homme en quête de rédemption, il n’y a plus qu’une issue : fermer les yeux, prendre une grande inspiration et encaisser les coups.

Puis, le moment venu, les rendre…

Luca Tahtieazym, Ceux qui ne renonçaient pas, Amazon (version papier et Kindle)

Classé sous :Critique littéraire Balisé avec :durs à cuire, Luca Tahtieazym, roman noir, suspense, thriller

février 18, 2022 By MLC

Galeries de Frédéric Soulier

Galeries soulier

Pour tout dire, j’ai été agréablement surprise par ce récit.

Dans la veine d’Octobre rougede Tom Clancy ou peut-être de Michael Dimercurio avec Immersion d’urgence, La dernière torpilleet surtout Alerte : plongée immédiate– des auteurs dont je raffole pour les frayeurs qu’ils m’ont maintes fois procurées – avec ce récit, Frédéric Soulier a eu la capacité de me plonger dans le film Koursk, Hunter killeret, par la photo de couverture, m’a rappelé l’affiche d’Abîmestant et si bien que je m’interroge sur la possibilité d’avoir été entraînée dans une novélisation.

L’écriture de l’auteur – avec son emploi de mots inusités parfois cocasses –, m’a tout de même fait oublier que l’intrigue se déroulait sous l’eau. Même les avaries occasionnées par les torpilles m’ont paru légères et sans véritable gravité malgré les brèches qu’elles avaient ouvertes dans la coque. Je n’ai ressenti aucune panique, car celle de l’équipage, peu développée par l’auteur, paraissait minime.

Peut-être est-ce aussi parce que ces hommes, habitués à vivre dans ce sous-marin, ne remarquaient plus le danger omniprésent. Par ailleurs, probablement que la profusion de détails techniques entachait d’irréalité un récit qui ne voulait pas avouer sa direction pourtant évidente. En effet, savoir que je lisais en fait une lettre écrite des années plus tard, m’assurait que le protagoniste n’avait pas succombé à 200 m sous la surface de l’océan. De là aussi probablement le manque de suspense lors de la lecture. Toutefois, le langage imagé de l’auteur me permettait très bien de voir la scène comme si j’y étais.

Je ne vais pas dévoiler en détails ce qui se passe dans ce sous-marin mais le microcosme décrit par l’auteur est une belle représentation de ce que peut être l’âme humaine et surtout la bêtise de l’homme.

En conclusion, je dirais que c’est un livre à lire. Court mais fort.

Frédéric soulier, Galeries, Amazon

Classé sous :Salon littéraire

février 6, 2022 By MLC

La Séquence de Sainte Eulalie

La Séquence (ou Cantilène) de sainte Eulalie est vraisemblablement le premier texte littéraire écrit en langue française, alors nommé roman (ancêtre de l’ancien français et du français).

Cette séquence raconte le martyre de la sainte Eulalie de Mérida et se termine par une prière. Elle s’inspire d’une hymne du poète latin Prudencequ’on peut lire dans le Peristephanon. C’est un poème de 29 vers décasyllabes qui se terminent par une assonance, par exemple “inimi” et “seruir”.

Depuis la découverte du texte en 1837 par Hoffmann von Fallersleben, la Séquence a soulevé de nombreux débats, notamment sur le sens énigmatique de son quinzième vers. On s’accorde aujourd’hui à dater le codex du début du IXe siècle et à l’attribuer à un atelier lotharingien.

On le date de 880 ou 881 et il est inclus dans une compilation de discours en latinde saint Grégoire, en plus de quatre autres poèmes, trois en latin et un en langue tudesque (langue germanique), le Ludwigslied. Une telle séquence, ou poésie rythmique, était chantée lors de la liturgie grégorienne ; celle-ci l’a vraisemblablement été à l’abbaye de Saint-Amand-les-Eaux (près de Valenciennes). Avale (voir bibliographie) confirme les travaux de Bischoff qui situe la rédaction de l’œuvre dans une « region vers Liège et Aix-la-Chapelle », ce qui amène les Wallons (l’historien Léopold Genicot par exemple) à considérer que la littérature française a « poussé son premier cri en Wallonie ».

La Séquencecomporte vingt-neuf vers :

Texte en roman   Adaptation française
Buona pulcella fut Eulalia. Bonne pucelle fut Eulalie.
Bel auret corps bellezour anima. Beau avait le corps, belle l’âme.
Voldrent la ueintre li d[õ] inimi. Voulurent la vendre les ennemis de Dieu,
Voldrent la faire diaule seruir. Voulurent la faire diable servir.
Elle nont eskoltet les mals conselliers. Elle, n’écoute pas les mauvais conseillers :
Quelle d[õ] raneiet chi maent sus en ciel. « Qu’elle renie Dieu qui demeure au ciel ! »
Ne por or ned argent ne paramenz. Ni pour or, ni argent ni parure,
Por manatce regiel ne preiement. Pour menace royale ni prière :
Niule cose non la pouret omq[ue] pleier. Nulle chose ne la put jamais plier
  La polle sempre n[on] amast lo d[õ] menestier.   À ce la fille toujours n’aimât le ministère de Dieu.
E por[ ]o fut p[re]sentede maximiien. Et pour cela fut présentée à Maximien,
Chi rex eret a cels dis soure pagiens. Qui était en ces jours roi sur les païens.
Il[ ]li enortet dont lei nonq[ue] chielt. Il l’exhorte, ce dont ne lui chaut,
Qued elle fuiet lo nom xp[ist]iien. À ce qu’elle fuie le nom de chrétien.
Ellent adunet lo suon element Qu’elle réunit son élément [sa force],
Melz sostendreiet les empedementz. Mieux soutiendrait les chaînes
Quelle p[er]desse sa uirginitet. Qu’elle perdît sa virginité.
Por[ ]os suret morte a grand honestet. Pour cela fut morte en grande honnêteté.
Enz enl fou la getterent com arde tost. En le feu la jetèrent, pour que brûle tôt :
Elle colpes n[on] auret por[ ]o nos coist. Elle, coulpe n’avait : pour cela ne cuit pas.
A[ ]czo nos uoldret concreidre li rex pagiens. Mais cela ne voulut pas croire le roi païen.
Ad une spede li roueret toilir lo chief. Avec une épée il ordonna lui ôter le chef :
La domnizelle celle kose n[on] contredist. La demoiselle cette chose ne contredit pas,
Volt lo seule lazsier si ruouet krist. Veut le siècle laisser, si l’ordonne Christ.
In figure de colomb uolat a ciel. En figure de colombe, vole au ciel.
Tuit oram que por[ ]nos degnet preier. Tous implorons que pour nous daigne prier,
Qued auuisset de nos xr[istu]s mercit Qu’ait de nous Christ merci
Post la mort & a[ ]lui nos laist uenir. Après la mort, et qu’à lui nous laisse venir,
Par souue clementia. Par sa clémence.

Classé sous :Atelier Litteraire

février 3, 2022 By MLC

Autres textes français au Moyen âge

Il existe des textes plus anciens attestant de l’existence d’une langue romane parlée en France, comme les Glosesde Cassel (environ viiieou ixe siècle) ou les Glosesde Reichenau (viiie siècle) pour les plus célèbres. Ceux-ci, cependant, sont des glossaires, des listes de mots, et ne permettent pas de lire des phrases en romana lingua. Le terme même de romana linguaest attesté dès 813 : lors des délibérations du concile de Tours (canon 17), l’on demanda aux évêques et aux prêtres qu’ils traduisissent en langues vulgaires les homélies : le peuple, en effet, ne comprenait plus le latin. Les deux langues vulgaires signalées sont la rustica romana lingua« langue romane de la campagne » et la thiostica« tudesque » (ancien terme pour « allemand »).

Le second texte complet dans l’histoire de la langue française est la Séquence de sainte Eulalie (ou Cantilène de sainte Eulalie) ; il date vraisemblablement de 880ou 881. C’est le premier texte littéraire français.

Illustration du domaine public

Classé sous :Atelier Litteraire

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